Francophonie

Le retour du français (et de l’Alliance Française) dans le Maine

L’inauguration de l’Alliance Française du Maine, à Portland le 29 août dernier, témoigne d’une renaissance du français dans cet Etat qui accueille de plus en plus de migrants d’Afrique francophone.
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Un quart des résidents du Maine sont d’origine franco-canadienne, pourtant la langue française a bien failli disparaître dans cet Etat. Les migrants québécois arrivés au XIXe et XXe siècles pour travailler dans les filatures de la Nouvelle-Angleterre ont été assimilés. Leurs descendants n’ont pas appris la langue de « pépère » et de « mémère », longtemps stigmatisée.

Mais comme en Louisiane, où s’est produit un phénomène comparable, le français est aujourd’hui de retour dans le Maine grâce aux migrants venus de Côte d’Ivoire, du Togo, du Burundi, de la République démocratique du Congo, d’Angola, du Rwanda et de Somalie, de plus en plus nombreux à choisir cet Etat comme terre d’asile. En une semaine cet été, Portland – la plus grande ville du Maine avec 67 000 habitants – a accueilli 250 migrants.

« On entend parler français presque tous les jours ; une Alliance Française devenait indispensable », témoigne Régine Whittlesey. Cette dynamique professeure de français originaire de Nantes a relancé l’Alliance Française du Maine, qui avait périclité dans les années 1980. Un effort salué par la sénatrice francophone Susan Deschambault et le gouverneur de l’Etat, Janet Mills.

Le français, de la honte à la fierté

« A une certaine époque dans le Maine, il était honteux de parler français en dehors de chez soi et on apprenait aux enfants à s’intégrer en ne parlant qu’anglais à l’école », a rappelé le gouverneur lors de l’inauguration de l’Alliance Française. « Une telle intolérance aurait pu coûter au Maine une fondation importante de l’identité de notre Etat, mais des associations et des groupes ont œuvré à restaurer notre fierté envers la langue française et notre propre histoire. »

Au centre de Portland, l’Alliance Française partage les locaux du Centre d’accueil des immigrants et utilise son studio de langue pour donner des cours de français de niveau débutant, intermédiaire et avancé. L’association, qui compte 45 membres, a aussi créé une bibliothèque francophone gratuite et ouverte à tous. Le documentaire Voyageur 1608 sur les origines de la Nouvelle-France sera projeté au Portland Museum of Art le 21 novembre prochain et une soirée africaine sera organisée à l’automne.

« J’ai découvert l’Alliance Français du Maine lorsque j’étais assistante de français dans un lycée au nord de Portland dans les années 1970 », se souvient Régine Whittlesey en riant. « J’allais faire des présentations sur la Bretagne à des vieilles dames aux cheveux violets. Je veux faire de cette Alliance un groupe jeune, dynamique et inclure toutes les francophonies ! »