Alain Juppé à New York en campagne pour la primaire UMP

“Donnez-moi la chance de vous montrer comment la France peut réussir”. Le message d’Alain Juppé à la communauté française de New York était on ne peut plus clair. Plus qu’un simple déplacement du maire de Bordeaux, la venue d’Alain Juppé aux Etats-Unis était celle d’un candidat en campagne pour la primaire UMP de 2016.

Après deux repas de levées de fonds auprès des riches français de New York qui ont alimenté la controverse en France, Alain Juppé rencontrait les Français un peu moins fortunés vendredi. D’abord à Brooklyn, lors de la désormais traditionnelle visite de l’école bilingue anglais-français PS 84. Symbole du succès de la langue française à New York, l’établissement avait déjà accueilli ces dernières années Laurent Fabius ou encore Hélène Conway-Mouret, alors ministre chargée des Français de l’étranger.

Alain Juppé a ensuite testé sa popularité auprès des sympathisants et militants UMP de New York, lors d’une rencontre organisée par le député des Français d’Amérique du Nord Frédéric Lefebvre, à la Brasserie Ruhlmann, au pied du Rockefeller Center. Entre 250 et 300 personnes s’étaient rassemblées pour écouter l’ancien Premier ministre… et prendre des photos avec lui. Dans la salle, des représentants de la droite aux Etats-Unis, Gérard Epelbaum, conseiller consulaire UMP de New York, Jean-François Bonneté, conseiller consulaire UMP pour la circonscription Houston-La Nouvelle-Orléans, et Alexandre Cournol, président de l’Union des Français de l’étranger (UFE) à Washington.

Frédéric Lefebvre a d’abord pris la parole, présentant Alain Juppé comme un pionnier des Français en Amérique du Nord. “Il a vécu une année importante ici”, a précisé le député des Français de l’étranger, provoquant quelques rires discrets dans l’assemblée, Alain Juppé s’étant “exilé” en 2005 au Canada après avoir été condamné à un an d’inéligibilité dans l’affaire des emplois fictifs de la mairie de Paris.

Dans un discours taillé sur mesure pour les Français des Etats-Unis, Alain Juppé a évoqué ces expatriés “qui voient la Poste qui fonctionne en France, la sécurité sociale, mais qui voient aussi ce que les Français de France ne veulent pas voir”. “La communauté française que j’ai rencontrée ici est heureuse et à l’aise avec la mondialisation. Et elle porte un regard bienveillant mais lucide sur la France”. Une manière pour Alain Juppé d’envoyer quelques piques à François Hollande et d’évoquer le “fardeau fiscal français”, et le “carcan bureaucratique”.

Primaire UMP de 2016 : vers un vote électronique pour les Français de l’étranger

Le candidat à la primaire UMP en vue de la présidentielle de 2017 s’est surtout appliqué à soigner son statut de présidentiable et d’homme d’influence. Il a notamment évoqué à deux reprises sa rencontre à New York avec la directrice de cabinet de Ban Ki-moon, Susana Malcorra et avec Hervé Ladsous, le Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix à l’ONU, afin d’évoquer la régulation des mouvements migratoires, notamment en Méditerranée.

Ne faisant aucun mystère de l’objectif de cette rencontre, Alain Juppé a rappelé que le vote à la primaire UMP de 2016 devrait être ouvert aux militants et aux sympathisants. “Si on ouvre la primaire à tous ceux qui adhèrent aux valeurs de la droite, alors le jeu est ouvert. Si seul le noyau dur de l’UMP vote, j’ai moins de chances”. Profitant de sa présence aux Etats-Unis, il a affirmé travailler avec Frédéric Lefebvre afin que les Français de l’étranger puissent voter électroniquement aux primaires UMP de 2016.

S’en est suivie une série impromptue de questions-réponses, dont Alain Juppé se serait visiblement passé : “c’est toujours un exercice difficile”. Tour à tour, les sympathisants UMP ont interrogé le candidat à la primaire UMP sur l’emploi, l’immigration, la laïcité et le dialogue social. Evoquant la France comme un pays “qui doit apprendre à mieux vivre ensemble”, Alain Juppé a demandé – sans s’inspirer complètement du modèle américain “qui a aussi ses problèmes, on le voit à Baltimore” – à prendre exemple sur le rassemblement des Américains derrière leur drapeau, leur hymne. Une réponse qui a semble-t-il inspiré Frédéric Lefebvre, invitant l’auditoire à chanter en chœur la Marseillaise pour clore la discussion, sous le regard amusé des passants et touristes.