Charlie Hebdo: les Américains solidaires dans la rue

“Cette attaque contre la France, c’est une attaque contre nous”. Certains portant le béret, ou agitant le drapeau tricolore, des Américains de Washington ont voulu marquer dimanche leur solidarité après le “11-Septembre français”.

Si l’absence du ministre américain de la Justice Eric Holder dans la manifestation monstre de Paris a été remarquée, elle est restée sous silence dans les rangs du défilé de Washington, simplement notée par de discrets signes de déception chez quelques Américains de la rue. “Sûrement pour des raisons de sécurité…”, tente d’expliquer Marlene Koenig, bibliothécaire d’Alexandria, qui se réjouissait pourtant de la présence du responsable américain à Paris à une réunion internationale sur le terrorisme. “C’est important de montrer au monde que la liberté d’expression n’est pas seulement française, elle est aussi américaine, elle appartient au monde et la seule manière de survivre est d’exprimer librement ses points de vue”, enchaîne-t-elle, en battant le pavé de la capitale fédérale.

Des manifestations de soutien ont également eu lieu à New York et Los Angeles notamment. L’ambassadeur de France à Washington Gérard Araud a parlé d’un “soutien bouleversant” des Américains de la rue, au milieu des bannières étoilées et des citations de Martin Luther King. “C’était une telle manifestation d’unité aujourd’hui en France que nous nous devions d’avoir la même unité ici car c’est un problème mondial”, renchérit Athena Viscusa, travailleuse sociale, “le moins que l’Amérique puisse faire en tant que société pluraliste est de rejoindre” les Français. “Cette attaque contre la France, c’est une attaque contre nous”, lance Jamil Sopher, qui s’est ému de voir sur le cortège parisien une jeune musulmane brandir une pancarte “je suis juif”.

Il salue “l’unité” en France après les attentats qui ont fait 17 morts contre le magazine Charlie Hebdo et un magasin d’alimentation juif. Cet employé de la Banque mondiale déplore qu'”ici après le 11-Septembre, on nous ait dit de continuer, de faire des courses et de faire comme si de rien n’était”. A Washington, les Etats-Unis étaient représentés par quelques centaines de ressortissants dans un cortège de plusieurs milliers répondant à l’appel de l’ambassade de France. En tête de cortège, la secrétaire d’Etat adjointe chargée des affaires européennes, Victoria Nuland. “Bien sûr, nous sommes là avec nos alliés français en ce moment très très important, en solidarité contre ce type de violence et de terrorisme, et en soutien des valeurs de liberté et de liberté d’expression que nos deux nations incarnent”, a déclaré Mme Nuland. “Une attaque contre la liberté d’expression n’importe où, c’est une attaque contre cette liberté partout”, lance un Irlandais résidant à Washington depuis plus de 16 ans.

“Nous souvenir qui nous sommes

“Nous devons nous souvenir qui nous sommes et ce à quoi nous tenons”, ajoute Patrick Landers, en brandissant, bien haut, des dessins d’Astérix et Obélix, “une bande dessinée de notre enfance qui marque la perte de notre innocence”. Le rabbin de la National Synagogue de Washington est venu aussi “marquer sa solidarité avec la France et ses frères et soeurs de la communauté juive de France”. Car “ce n’est pas une attaque contre eux, c’est une attaque contre l’Humanité”, s’insurge Shmuel Herzfeld, avant de promettre: “nous allons les aider”. “Si nous ne le faisons pas, qui le fera?”, s’insurge Paul Dorsey, jeune étudiant du Missouri, venu de Baltimore, à une cinquantaine de km, pour manifester. “C’est vraiment capital que l’Amérique aide la France pour combattre ceux qui ne veulent pas que l’on soit libres”, dit-il.

A ses côtés, sa mère retraitée Lauri Cebula-Seaboch se souvient des attentats du 11 septembre 2001 à New York et Washington, et les compare au “11-Septembre français”. Désormais, “à travers le monde, de plus petits groupes mènent de petites attaques pour maintenir la tension… C’est possible en France, c’est aussi possible chez nous”.