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Adam Gopnik : le Parisien du New Yorker

Rencontre avec l'Américain francophile Adam Gopnik à l'occasion de la première édition du Festival of New French Writing, à New York University.
© Brigitte Lacombe

Depuis le 26 février, New York University accueille le Festival of New French Writing, un cycle de rencontres littéraires entre auteurs français et américains, mis sur pied par Cultures France, préparé par le journaliste français Olivier Barrot et l’universitaire américain Tom Bishop et coorganisé par les services culturels de l’ambassade de France. Olivier Rolin et E.L. Doctorow ont été choisis pour donner le coup d’envoi du festival, qui accueille également Emmanuel Carrère, Bernard-Henri Lévy, Frédéric Beigbeder et Marie Darrieussecq, côté français. Côté américain, on retrouvera Edmund White, Chris Ware et Philip Gourevitch.

« J’ai bien fait mes devoirs. » Jusqu’à récemment, Adam Gopnik n’avait pas lu une ligne de Marie Darrieussecq, avec qui il sera en conversation aujourd’hui à 14h. En découvrant le travail de l’écrivain français, le journaliste américain se dit sensible à la méditation de Marie Darieussecq sur « le dialogue entre notre vie naturelle comme animaux et notre vie naturelle comme esprits ».

Plume du New Yorker depuis 1986, Adam Gopnik a été le correspondant du prestigieux hebdomadaire américain à Paris pendant les années Chirac, de 1995 à 2000. Du quotidien de cette vie parisienne passée, avec sa femme et son premier enfant, à la lisière du jardin du Luxembourg, il a tiré un récit candide, Paris to the Moon, devenu depuis un best-seller. Cette parenthèse hexagonale refermée, il reste marqué par « le respect pour la vie de l’esprit » et estime que les écrivains en France sont « pris au sérieux » et tiennent encore une place à part, privilège qu’ils n’ont pas – ou plus – aux Etats-Unis.

Elevé à Montréal, « francophile depuis l’enfance », il voyage pendant son adolescence en France, où il fait de premières expériences gastronomiques troublantes. A 52 ans, il continue à suivre de loin l’actualité française et balade un œil curieux sur les frasques de Nicolas Sarkozy et de l’humoriste controversé Dieudonné.  Son confrère de Time Magazine, Donald Morrison, auteur l’an dernier d’un article retentissant sur la mort de la culture française, ne trouve pas grâce à ses yeux. « Je ne comprends pas comment un Américain peut affirmer que la littérature joue un rôle moins important en France qu’en Amérique », avoue-t-il, perplexe.

Considéré désormais comme expert in all things French, Adam Gopnik a depuis rédigé des introductions à la correspondance de Proust et à une nouvelle traduction des Misérables et publié une anthologie littéraire d’Américains à Paris. L’écrivain new-yorkais admet volontiers l’influence de la littérature française « sur [son] esprit comme sur [sa] vie ». Les écrivains français, de Proust à Camus, explique-t-il, ont bouleversé sa compréhension du monde. « Je suis aussi très attaché à la littérature française ordinaire, pas uniquement aux classiques : elle m’ouvre une porte sur la France contemporaine. »

Adam Gonik vient de publier Angels and Ages: A Short Book About Darwin, Lincoln and Modern Life, une méditation sur le langage du libéralisme tel qu’il a émergé au XIXe siècle, et termine The Steps Across the Water, son deuxième livre pour enfants, qu’il a écrit pour sa fille et qui sortira aux Etats-Unis à Noël cette année. Il trouve néanmoins le temps de se rendre en France aussi souvent que possible. « En fait », note-t-il avec malice, « la France est l’une des dernières civilisations qui apprécie la littérature autant que moi ».


Festival of New French Writing
Du 26 au 28 février 2009
New York University
Vanderbilt Hall