Objet culte : la Lampe Berger

Icônes sur le tard ou classiques instantanés, certains objets de manufacture française ont marqué l’inconscient collectif français. Le magazine France-Amérique rend hommage à l’un d’eux dans sa rubrique : “Culte !”. Cette semaine, la Lampe Berger, qui a su trouver son public aux Etats-Unis.

Classique, populaire et raffinée, la célèbre Lampe Berger, qui fête cette année ses 116 ans, a d’ores et déjà acquis le statut d’objet culte. C’est elle que nous avons choisie pour démarrer notre série…

Inventée par le pharmacien Maurice Berger à la fin du XVIIIe siècle, elle est utilisée dans un premier temps dans les hôpitaux pour  assainir l’air et lutter contre la prolifération des bactéries. Son procédé est unique : une combustion catalytique à haute température aux vertus désinfectantes, assainissantes et fumivores. En juin 1898, Maurice Berger dépose le brevet : la Lampe Berger est née ! Deux ans plus tard, il ouvre une boutique à Paris, au 18 rue Duphot, sous l’enseigne Ozosenteur.

La gamme s’élargit avec le rachat du fonds de commerce par l’industriel Jean-Jacques Failliot en 1927. La Lampe Berger devient la référence en parfumerie d’intérieur dans les années 30. Une success story qui séduit bientôt la Belgique, la Hollande et le Canada. La production est ralentie pendant les années de guerre, mais l’après-guerre confirme l’engouement. Aujourd’hui,

Un million de lampes sont produites chaque année et l’entreprise réalise 60 millions d’euros de chiffre d’affaires par an. Ouverte il y a 25 ans, la branche américaine représente 25%  des ventes mondiales. Vendues de $30 à $180, en ligne ou dans certaines enseignes de décoration intérieure, la Lampe Berger a su trouver son public aux États-Unis.  “Notre principale clientèle est au Sud, de la Virginie au Texas, explique Christophe Risterucci, Président de Lampe Berger US. Cela s’explique par les températures élevées et l’usage de la climatisation, qui nécessite d’assainir l’air sans pouvoir ouvrir les fenêtres”.

Le Sud des États-Unis apprécie “les modèles traditionnels, avec des dorures”, la Floride préfère “des formes modernes, comme celui de la lampe galet”. La Lampe Berger a aussi des admirateurs en Louisiane, héritage français oblige. “Nous avons créé pour eux une lampe avec un motif de fleur de lys”, un succès. Pour le Président de Lampe Berger US, ce succès est dû à la qualité du parfum. “Notre nez est un ancien de chez Guerlain, et nous travaillons avec les meilleurs maisons de parfumerie à Grasse. Nous avons souvent été copiés, mais jamais égalés.”

Un objet d’art

Si la première lampe est créée en verre, en 1950 apparaissent les modèles en porcelaine, en cristal et en faïence. Les grandes maisons et les artistes qui l’habillent, Gallé, Lalique, Baccarat, Saint-Louis… en font un véritable objet d’art avec la création d’une collection, Les Éditions d’Art, contenant des chefs-d’œuvre, adoptés par Colette, Cocteau et Picasso ! On y retrouve “la patte d’Émile Gallé, des exemplaires des périodes coloniales, des modèles de Longwy, en cristal de couleur Saint-Louis, un rare Bleu de Sèvres, des montures ornées de bronze, jusqu’à cette pièce estampillée du sculpteur Arman”. Plus récemment, la collection s’est enrichie de la lampe Cocotte de Chantal Thomass, de la Disco King de Jean-Charles de Castelbajac ou encore de la Fifi, une boule en porcelaine surmontée d’un singe en bronze signée Hilton McConnico.

Article publié dans le numéro de novembre 2014 de France-Amérique.