Un si grand soleil, a Modern TV Show à la Française

Avec 236 épisodes de 26 minutes, Un si grand soleil compte s’imposer comme le nouveau soap opera français. Produit par France Télévisions et diffusé sur TV5MONDE, la série tournée dans le sud de la France rassemble quotidiennement 4 millions de téléspectateurs.

Après 17 ans d’absence, Claire Estrela retourne à Montpellier, sa ville d’origine. Un rendez-vous avec un ami d’enfance tourne au drame : contrainte de prouver son innocence, elle doit faire face à de lourds secrets de famille. Mystères, machinations et intrigues sentimentales se mêlent à la douceur des paysages occitans. Entretien avec le scénariste Olivier Szulzynger.

France-Amérique : La série se déroule à Montpellier, dans le sud de la France. Pourquoi avoir choisi cette région ?

Olivier Szulzynger : Montpellier est l’une des métropoles les plus modernes et les plus jeunes de France. C’est une ville universitaire, dont la population a triplé en cinquante ans. Il semblait logique de raconter notre époque à travers le destin de cette agglomération tournée vers l’avenir. Les atmosphères y sont multiples : les plus grands architectes du XXe siècle ont construit des bâtiments à quelques minutes en tramway du centre ancien.

Quant à l’Occitanie, c’est une région traditionnelle, réputée pour sa vigne, sa douceur de vivre et pour ses oliviers qui la font ressembler à la Provence. Ses paysages sont très divers : on est à la fois au bord de la mer et en pleine campagne. Avec 300 jours d’ensoleillement par an, c’est un peu notre Californie ou notre Floride ! France Télévisions a la volonté d’y implanter un pôle industriel de tournage de séries afin d’en faire un petit Hollywood français.

 

Quels sont les codes de ce feuilleton télévisé quotidien ?

Un si grand soleil appartient au genre du soap opera, né aux Etats-Unis. Ces séries quotidiennes à plusieurs voix mêlent suspense, enjeux sentimentaux et sujets de société. On suit au fil des jours l’histoire d’une communauté de 25 à 30 personnes. Ce format est arrivé tardivement en France avec Plus belle la vie, dans les années 2000. Notre manière de raconter les histoires à l’écran est donc profondément influencée par l’art sériel américain et ses grands succès comme Desperate Housewives.

La première intrigue s’articule autour de deux personnages : Claire, une infirmière, et son fils. A travers leur regard, on découvre un univers complexe qui se déploie au fil des mois et des histoires secondaires. Les personnages de la série sont des miroirs que l’on tend aux spectateurs : ils doivent pouvoir se reconnaître en eux. Il s’agit de respecter la cohérence de chaque destin, malgré leur nombre et leurs différences.

En quoi cette série, tournée en 2018, est elle résolument moderne ?

Nos outils de production sont récents et nous permettent d’obtenir une qualité d’image comparable à celle des séries de prime-time. Six scènes sur dix sont filmées en extérieur, ce qui n’est pas le cas des autres feuilletons, tournés dans des décors figés et théâtraux. Nous sommes les seuls à utiliser autant de fonds verts et de véritables décors : nous avons construit une paillotte sur la plage, investi un ancien lycée, loué de véritables villas…

Travailler en extérieur nous permet d’illustrer la diversité des histoires. Notre travail n’étant pas circonscrit à un studio, chaque intrigue peut explorer une nouvelle entreprise ou un nouveau milieu. Nous n’avons, en termes de technique, plus grand chose à envier aux Etats-Unis.

Que cherchez-vous à montrer de la France d’aujourd’hui ?

Nous racontons, au jour le jour, la façon de vivre et d’aimer des Français. Montpellier étant un creuset, il s’agit d’une France diverse et cosmopolite. Les intrigues se déroulent dans plusieurs secteurs clés de la région : celui de l’industrie des cosmétiques, de l’huile d’olive…

Les sujets de société ont aussi leur place à l’écran : nous évoquons la place du bio et les questions soulevées par le mouvement #MeToo. Il s’agit de raconter une époque et d’être attentifs aux grandes mutations, sans pour autant commenter l’actualité. L’intrigue est également très universelle : en Europe ou aux Etats-Unis, la vie quotidienne et les préoccupations ne sont pas si différentes de celles de nos personnages.ƒ

Que souhaitez-vous apporter à un public étranger ?

La diffusion dans d’autres pays est une manière d’envoyer une “carte postale” aux expatriés, et de donner envie aux étrangers de découvrir cette partie de la France et de lutter contre les clichés. Car les étrangers connaissent mieux Nice que Montpellier ! La qualité des images et le cadre méditerranéen apportent un côté chic et exotique, tandis que les intrigues restent proches des problématiques communes aux téléspectateurs occidentaux.


=> La série Un si grand soleil est diffusé sur TV5MONDE du lundi au vendredi à midi (E.T.).