Van Gogh: A Portrait of the Artist as a Madman

Le talent de Van Gogh est-il indissociable de sa folie ? C’est la question que pose le réalisateur américain Julian Schnabel dans At Eternity’s Gate, portrait impressionniste du peintre des Tournesols, qui sort ce vendredi en salles américaines.

Après Kirk Douglas (1956), Tim Roth (1990), Martin Scorsese (1990), Jacques Dutronc (1991) et Benedict Cumberbatch (2010), c’est au tour de Willem Dafoe d’endosser le rôle du célèbre peintre. Le chapeau de paille lui va à ravir. Il a le teint livide, les yeux creux et les joues mangées par une barbe rousse. On pense aussitôt au dernier autoportrait de Vincent Van Gogh, peint en 1889.

Ce n’est pas un hasard. Le film de Julian Schnabel, tourné dans les Bouches-du-Rhône et dans l’Oise, s’attarde sur les dernières années de la vie du peintre : son arrivée à Arles et la découverte de la lumière provençale, ses « hallucinations auditives et visuelles », l’épisode de folie qui le pousse à se couper l’oreille gauche, ses séjours répétés à l’asile d’aliénés de Saint-Rémy-de-Provence et enfin Auvers-sur-Oise, où il meurt en 1890.

Le film est né au Musée d’Orsay. En 2014, Julian Schnabel (Basquiat, Le Scaphandre et le papillon) et le romancier français Jean-Claude Carrière (qui signe le scénario) visitaient ensemble l’exposition Van Gogh/Artaud : Le suicidé de la société. Selon Antonin Artaud, auteur de l’essai qui a donné son nom à l’exposition, Van Gogh n’était pas fou : il était au contraire d’une lucidité hors du commun, une lucidité qui ébranla ses contemporains, l’isola et le poussa au suicide.

Un kaléidoscope de perceptions et de sensations

Le réalisateur se garde bien d’analyser la psyché de l’artiste. « Ce n’est pas une biographie médico-légale », se défend le réalisateur, peintre lui-même. « C’est une accumulation de scènes inspirées par les lettres de Van Gogh, de légendes sur sa vie qui passent pour vraies, de rumeurs et de scènes entièrement inventées. » Certaines scènes sont filmées à la première personne ; d’autres répliquent les épisodes hallucinatoires. Van Gogh est-il fou ou hypersensible ? Le spectateur est juge et psychiatre.

Dans ses errances colorées de jaunes et d’ocres, Willem Dafoe — qui a appris à peindre pour les besoins du tournage — rencontre une série de personnages atypiques. Mads Mikkelsen incarne un prêtre à l’asile de Saint-Rémy-de-Provence ; Niels Arestrup, un autre aliéné ; Emmanuelle Seigner est Madame Ginoux, l’Arlésienne dont Van Gogh peindra six fois le portrait ; et Mathieu Amalric, le docteur Paul Gachet, qui accompagnera les derniers instants du peintre.

« At Eternity’s Gate nous montre un Vincent Van Gogh que l’on ne connaît pas », commente la critique du magazine Time. « Le film n’est pas sur Van Gogh à proprement parler », explique le critique du Los Angeles Times. « C’est sur la condition d’artiste, sur le sentiment d’être accablé et obsédé par le besoin irrépressible d’exprimer son art. »


Sortie américaine : 16 novembre 2018

Durée : 111 min
Réalisateur : Julian Schnabel
Avec : Willem Dafoe, Mads Mikkelsen, Niels Arestrup, Emmanuelle Seigner, Mathieu Amalric
Distributeur américain : CBS Films