Francophonie

Un pont entre les communautés francophones des Amériques

Promouvoir les échanges entre les francophones du Québec, de la Nouvelle-Angleterre, de la Louisiane, des Caraïbes ou du Brésil : c’est la mission d’un organisme gouvernemental canadien, le Centre de la francophonie des Amériques.
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L’université d’été du Centre de la Francophonie des Amériques, à Chicoutimi au Québec, en 2017. © Productions Idéo

Il y a huit millions de francophones dans la province de Québec, où le français est langue officielle depuis 1974. « Mais quand vous allez dans les autres provinces canadiennes ou aux Etats-Unis, les communautés francophones sont isolées et en situation minoritaire », observe Sylvain Lavoie, originaire d’une petite ville sur la frontière entre le Nouveau-Brunswick et le Maine, qui a pris ses fonctions de président-directeur général du Centre de la francophonie des Amériques le 26 octobre. « Il y avait un besoin urgent de rapprocher ces communautés. »

C’est ainsi que le Centre a vu le jour en 2008, approuvé à l’unanimité par l’Assemblée nationale québécoise. Parmi ses programmes : le forum des jeunes ambassadeurs de la francophonie, qui réunit tous les deux ans une cinquantaine de francophones de 18 à 35 ans, et une université d’été qui devait se tenir cette année en Louisiane et sera reportée en raison de la pandémie à 2021. Une bibliothèque numérique, accessible gratuitement, regroupe 15 000 livres d’auteurs francophones originaires du continent américain. Le roman du Québécois David Bouchet sur une famille sénégalaise qui s’installe à Montréal, Soleil, fait partie des titres les plus empruntés cette semaine.

« L’objectif de cet espace virtuel et de ces rassemblements est de briser l’isolement des communautés francophones à travers le continent », témoigne le Québécois Michel Robitaille, qui préside le conseil d’administration du Centre. Un effort qui passe par les enseignants de français, à qui l’organisme propose des ateliers de formation et des ressources pédagogiques, et les jeunes. « Si nous n’arrivons pas à inciter les jeunes à apprendre le français et à utiliser la langue dans leur vie quotidienne, la pratique du français en Amérique risque de disparaître. »

Fédérer les francophones

Le Centre a récemment organisé un concours (ouvert jusqu’au 31 octobre) intitulé « Ma minute francophone » demandant aux enseignants et à leurs élèves de raconter en une courte vidéo leur expérience de la langue française. Seize bourses de 500 dollars canadiens sont à la clé. Une initiative qui marque le lancement du Réseau international des maisons de francophonie, qui regroupe plusieurs organismes de promotion de la langue française dont le Centre de la francophonie des Amérique, la Maison de la francophonie de Lyon, le Conseil pour le développement du Français en Louisiane (CODOFIL), la fondation NOUS à La Nouvelle-Orléans ainsi que la chaîne TV5MONDE.

« C’est important de bâtir des ponts avec l’ensemble des intervenants, dans les Amériques et ailleurs, et de créer ensemble des programmes qui aident au développement de la francophonie », explique Sylvain Lavoie. « Nous nous déplaçons beaucoup », ajoute Michel Robitaille. « Nous participons notamment au congrès de l’AATF, l’association des professeurs de français aux Etats-Unis, et animons le Réseau des villes francophones et francophiles d’Amérique, qui regroupe plus de 150 villes. »

Parmi les autres initiatives du Centre : un séminaire virtuel pour encourager les entrepreneurs francophones à promouvoir leur activité en français, qui se tiendra en février 2021, des routes touristiques thématiques, comme celle qui retrace le parcours des Québécois venus travailler dans les usines de la Nouvelle-Angleterre, ou encore des ateliers pour améliorer la visibilité du français sur Wikipédia, chapeautés par la Bibliothèque nationale du Québec. « Nous explorons toutes sortes d’avenues », témoigne Michel Robitaille. « Il faut que le français puisse projeter une image de modernité : c’est une langue d’histoire et de culture, mais aussi un vecteur de croissance économique. »