Bannon-Le Pen, l’alliance xénophobe

Dans la longue histoire des relations transatlantiques surgit, inattendu et paradoxal, un axe entre les mouvements xénophobes français et américains.

Marion Maréchal-Le Pen, ancienne députée du Vaucluse, petite-fille du fondateur du Front national et à l’évidence dévorée d’ambition, a participé le 22 février dernier au congrès des ultraconservateurs américains réunis dans le Maryland. Comme un voyage retour, l’ex-conseiller sulfureux de Donald Trump s’est adressé le samedi 10 mars à Lille aux militants du parti français de l’extrême droite, le Front national rebaptisé en cette occasion Rassemblement national.

Steve Bannon fut le plus explicite sur la nature de cette alliance en suggérant aux militants français de ne pas craindre d’être accusés de racisme ce qui implicitement suppose qu’ils le sont et devraient en être fiers. Bannon fut ovationné et plus encore lorsqu’il maudit les médias, bien que lui-même ait fait fortune en dirigeant l’un de ces médias honnis, le site ultra-conservateur Breitbart News.

Une alliance xénophobe et anti-immigration entre les extrémistes français et américains est d’autant plus étrange que les Etats-Unis ont en commun avec la France d’être une nation métisse et foyer d’accueil depuis ses origines. Les Français ne sont pas plus de sang gaulois que les Américains ne descendent des Indiens. Que serait la civilisation française sans les apports de Rome, de Germanie, de Pologne, du Maghreb et d’Afrique Noire ? Quant aux Etats-Unis, sans immigration, ils n’existeraient pas du tout.

Ces discours nationalistes ne sont en vérité que des mascarades pour ne pas désigner directement l’ennemi du moment : les musulmans, les noirs, les colorés. Dans les deux cas, le non-dit est une exaltation de la « race blanche », des valeurs « viriles » et de la haine de « l’Autre », bouc émissaire du mal de vivre des militants. L’histoire occidentale est un cimetière de ces exaltations, une pathologie de la démocratie.

Je doute que ne se crée jamais une quelconque « Internationale des nationalistes ». Le seul précédent historique fut le fascisme des années 1930 et 1940, un rappel pour ceux qui auraient la mémoire courte.

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