Philantrophie

Deux millions de dollars américains pour restaurer le château de Blérancourt

Fermé pour rénovations pendant douze ans, le musée franco-américain du château de Blérancourt, en Picardie, rouvrira ses portes ce dimanche 25 juin. Un chantier rendu possible par une association de mécènes américains, les American Friends of Blérancourt.
© RMN-Grand Palais/Gérard Blot

Dans son bureau de Manhattan, au cinquième étage d’un immeuble Renaissance, le directeur des American Friends of Blérancourt prépare le Jour J. Soixante-dix dignitaires américains et cent cinquante français sont attendus pour l’inauguration du musée, ce dimanche 25 juin. « La ministre française de la Culture assistera à la cérémonie », indique Larry Horne. « Emmanuel Macron et sa femme son originaires de la région ; nous espèrerons qu’ils viendront. » Le téléphone sonne. « Excusez-moi, Miles Morgan est à l’appareil. »

L’arrière-petit-fils du banquier J.P. Morgan est l’un des 500 à 700 « membres actifs » de l’association American Friends of Blérancourt, fondée en 1985. Au nombre des généreux donateurs figurent également Sonja Tremont-Morgan et sa fille Quincy Adams Morgan, la comtesse Dorothea de La Houssaye et l’ancienne ambassadrice américaine à Paris Jane Hartley, le paysagiste Madison Cox et l’avocat George Sape. L’association puise aussi ses ressources en France : l’industriel Pierre Bergé et l’ancien conservateur du musée du Louvre Pierre Rosenberg sont membres de longue date.

« Notre association est un aimant pour les gens passionnés par les relations franco-américaines », annonce Larry Horne, à la tête des American Friends of Blérancourt depuis le mois de septembre 2016. « Blérancourt est l’un des rares sites en Europe où deux cultures aussi opposées peuvent dialoguer et envisager leur futur en commun. »

Un musée de la coopération franco-américaine

Pendant la Première Guerre mondiale, le château de Blérancourt sert de quartier général au Comité américain pour les régions dévastées. Composé de femmes américaines et dirigé par l’héritière Anne Morgan, le comité vient en aide aux populations civiles touchées par la guerre. A l’issue de la guerre, Anne Morgan achète le château du XVIIe siècle, finance un chantier de restauration et entreprend la création d’un musée de la coopération franco-américaine. Le site est offert à l’Etat français et devient musée national en 1931.

La création dans les années 1980 de deux associations d’amis de Blérancourt, l’une américaine et l’autre française, donne une seconde jeunesse au château. Des deux côtés de l’Atlantique, des mécènes sont mis à contribution. Un pavillon est restauré et deux jardins sont plantés. Le musée est étendu et enrichit sa collection permanente d’art américain.

Le château, qui souffre d’importants dommages, doit fermer en 2005. Coût total des rénovations : cinq millions de dollars. L’Etat français ne pouvant assumer l’intégralité des frais, les amis de Blérancourt sont à nouveau mis à contribution. « Mais ce n’est pas facile de trouver de l’argent pour un musée en France qui est fermé depuis plus de dix ans », relève Larry Horne. « Nous essayons de toucher nos membres en les intéressant à une variété de thématiques artistiques et culturelles. »

Soirées de gala à New York et à Palm Beach

Le calendrier social des mécènes est dense : réceptions au consulat de France à New York, dîners à la résidence de l’ambassadeur à Washington D.C., galas annuels à New York et à Palm Beach, en Floride. En parallèle, l’association propose aussi à ses membres des visites privées de la Frick Collection, du Whitney Museum et du Met Breuer à New York et des voyages « prestige » dans les châteaux forts de la Somme ou sur les traces du marquis de La Fayette à Paris.

Pour renouveler ses donateurs, les American Friends of Blérancourt ciblent également « les philanthropes de demain » : héritiers de grandes familles, créateurs de mode et entrepreneurs entre vingt et quarante ans. Un junior committee créé en juin rassemble, entre autres, le couturier turc Peyman Umay et l’héritière de la maison Hermès.

Au cours des cinq dernières années, les American Friends of Blérancourt ont collecté près de deux millions de dollars. Le musée franco-américain rouvrira ses portes au public le 4 juillet prochain, jour de la fête nationale américaine. « Une nouvelle ère d’opportunités s’ouvre à nous », se réjouit Larry Horne. « Que fait-on maintenant ? »