Editorial

La France surpasse les Etats-Unis (en nombre de ministres)

Nombre de ministères français n’ont pas d’équivalence aux Etats-Unis. Suite à la nomination, en France, d’un nouveau ministre de l’Ecologie et d’une nouvelle ministre des Sports, Guy Sorman compare les attributions ministérielles dans nos deux pays.
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Le Conseil des ministres français, le 5 septembre 2018. © Geneviève Darrieussecq/Twitter

Les Français changent de gouvernement comme de chemise. Les Etats-Unis, par contraste, sont plus stables, même avec un président fantasque. L’Etat en France est aussi beaucoup plus ambitieux que le gouvernement fédéral américain : en témoigne, cette semaine, la nomination de deux nouveaux ministres. L’un est chargé de la « transition écologique ». Ce n’est pas un objectif modeste. Aux Etats-Unis, on se contente d’un directeur de l’Agence de Protection de l’Environnement (EPA) qui, en ce moment, restaure le droit des industriels à polluer sans mesure. L’autre ministre, nommé par le président Macron, est en charge des sports et de la jeunesse : là encore, pas de modestie. De la nouvelle ministre, on attend un nombre, fixé à l’avance, de médailles pour les prochains Jeux Olympiques. Comme si cela dépendait d’elle ! Car il y a, au bout du compte, peu de rapport entre l’ambition affichée de l’Etat français qui s’occupe de tout et les résultats. Envisageons même que les Etats-Unis, sans ministre, récolteront plus de médailles que la France.

En France, nous avions jusqu’à l’année dernière un ministre de l’Industrie, dont j’ignore les compétences, et une ministre du Commerce, dont la fonction laisse tout aussi perplexe. Nous avons également un ministre de l’Economie que les États-Unis n’ont pas ; peut-être est-ce la raison pour laquelle l’économie américaine surpasse la France… Il faut y réfléchir. Mais l’on est, à Paris, très fier d’entretenir un ministère de la Culture. Il fut créé en 1959 pour héberger un écrivain proche du Général de Gaulle, André Malraux. Au ministère, celui-ci écrivait ses mémoires et des romans. Après Malraux, le ministère a évidemment survécu et le nombre de ses fonctionnaires ne cesse d’augmenter. Les Français sont-ils plus cultivés depuis qu’ils ont un ministre de la Culture ? Contrairement aux médailles olympiques, il n’existe, dans ce domaine, pas d’instrument de mesure. Les Français jugent souvent les Américains incultes : c’est un des clichés très anciens qui remonte au XVIIIe siècle. Si les Etats-Unis avaient à Washington un ministère de la Culture, les Américains deviendraient-ils plus cultivés au regard des Français ? Donald Trump, qui aime tant nos défilés militaires et voudrait les copier, devrait y réfléchir.