Automobile

Le come-back de Peugeot aux Etats-Unis

Après trente ans d’absence sur le sol américain, le groupe français Peugeot Citroën prépare son grand retour.
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Dans les années 1950, Renault (groupe PSA) exporte sa Dauphine aux Etats-Unis, où est créée la filiale Renault Incorporated. ©Motor1.com

C’est un fait saugrenu : les constructeurs automobiles français sont absents aux Etats-Unis, deuxième marché du monde derrière la Chine, où ils sont, d’ailleurs, des nains. Autre paradoxe : les seules voitures made in France vendues aux Etats-Unis le sont sous deux marques étrangères : la Smart, filiale de Mercedes, fabriquée à Hambach en Moselle, et la Yaris, fabriquée dans une usine Toyota à Valenciennes.

Ni Peugeot, ni Citroën (groupe PSA) ou Renault ne vendent plus rien aux Etats-Unis. Tout au plus peut-on voir, dans une rediffusion, la Peugeot 403 cabriolet vintage de l’inspecteur Columbo et, fugacement, dans la série The Mentalist, la Citroën DS, sortie en 1955 !

Une absence à laquelle se résigne Renault, qui semble se satisfaire de sa présence indirecte, à travers Nissan, dont elle détient 44 % du capital. PSA, en revanche, fort du spectaculaire redressement d’Opel, une filiale européenne malade rachetée à General Motors, prépare son retour. Par la grande porte si le rachat du groupe Fiat-Chrysler, en négociation depuis des mois avec la famille Agnelli, aboutit (ce qui semble mal engagé).

D’une DS à l’autre

Ou par la petite porte : en 2017, le président de PSA, le Portugais Carlos Tavares a lancé un système d’autopartage en 2017 avec des voitures made in U.S.A., Free2Move. Dans un deuxième temps, des voitures de PSA seront introduites dans les flottes et « si tout se passe bien : vendre des véhicules de nos marques avec une fabrication éventuelle dans la region » a déclaré Tavares, qui est déterminé. Le fer de lance de la reconquête passera par DS, nouvelle marque de luxe du groupe, adaptée aux normes de sécurité américaines qui sont différentes de celles de l’Europe : il n’est pas permis de rouler aux Etats-Unis avec une voiture française ordinaire.

Seule marque à avoir jadis fait rêver, avec sa DS, Citroën est partie en 1973, faute de moyens, avant de se faire racheter par Peugeot qui, à son tour, a quitté l’Amérique, en 1991. Cette dernière ne vendait plus ses voitures qu’au compte-gouttes et figurait en queue de tous les classements de qualité. Peugeot avait commis l’erreur stratégique de vouloir s’ouvrir les portes du marché en vendant, à perte, quelques milliers de 505 aux taxis new-yorkais. Son image en a été définitivement dégradée.

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Une Peugeot 505 convertie en taxi new-yorkais, dans les années 1980. © Curiosités automobiles

Autre précédent malheureux, à la fin des années 1950, Renault avait vendu des dizaines de milliers de Dauphine inadaptées au climat local : leurs plastiques se décoloraient et se fendaient au Texas, des traces de rouille apparaissaient sur les voitures circulant en Louisiane et dans le Maine, elle ne démarraient pas par grand froid. Le réseau de pièces détachées étant inexistant, certains clients ont simplement abandonné leur voiture au bord des routes !

Dix ans pour imposer la DS en Amérique

Autre tentative avortée : en 1979, Renault rachète American Motors, quatrième constructeur américain en perdition, mais propriétaire de la marque Jeep. Nouveau design, nouveaux moteurs : avec la Cherokee, l’ingénieur français François Castaing ressuscite la marque des G.I. Mais l’entreprise n’a pas les moyens de ses ambitions. En 1987, Renault revend American Motors pour 1,5 milliard de dollars à Chrysler ; Jeep est alors estimé à un dollar symbolique, mais vaut aujourd’hui plus de vingt milliards !

« La France est partout présente dans le luxe aux Etats-Unis », observe Yves Bonnefont, le patron de la marque DS chez PSA, « l’automobile seule fait exception ». Bonnefont se donne dix ans pour imposer la DS en Amérique.


Article publié dans le numéro de juin 2019 de France-AmériqueS’abonner au magazine.