« Les ingénieurs français sont très recherchés dans la Silicon Valley »

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Aider les entrepreneurs français à créer une société aux Etats-Unis, louer un bureau ou rencontrer de futurs clients, c’est le rôle des vingt Chambres de commerce franco-américaines. Organisées en réseau de New York à Los Angeles, ces Chambres conseillent aussi les entreprises américaines intéressées par le marché français et facilitent les échanges entre nos deux pays. Entretien avec Laurence Fabre, directrice de la Chambre de commerce franco-américaine de San Francisco.


France-Amérique : A quoi servent les Chambres de commerce franco-américaines ?

Laurence Fabre : Nous sommes des organisations à but non-lucratif. Nous créons des passerelles entre les entreprises françaises et américaines et organisons des événements de réseautage, des conférences, un salon de l’emploi et un prix annuel de l’entreprenariat, les French-American Business Awards, qui aura lieu le 23 mai prochain.

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Laurence Fabre est directrice de la Chambre de commerce franco-américaine de San Francisco depuis 2017. © Consulat de France à San Francisco

Vous conseillez également les entreprises françaises souhaitant s’installer en Californie…

Nous proposons un programme intensif d’une semaine qui répond à toutes les questions que se pose un entrepreneur désireux de s’installer en Californie : visas, budget, pièges à éviter, etc. Nous aidons ensuite les entrepreneurs à trouver des bureaux et à recruter du personnel. Nous accompagnons également les entreprises françaises qui désirent s’inspirer de la culture de la Silicon Valley. Nous avons accueilli en mai dernier l’entreprise Acome, qui fabrique des câbles pour les transports, le bâtiment et les télécommunications : nous avons organisé pour eux des rendez-vous avec Tesla, Verizon, Intel et Orange.

Quelles sont les spécificités de la Chambre de San Francisco ?

Notre Chambre reflète l’écosystème du nord de la Californie. La région a une culture entrepreneuriale, elle compte des universités prestigieuses Stanford et Berkeley et de nombreux investisseurs. Mais en raison de l’explosion du secteur des nouvelles technologies, c’est une région où il est difficile de se loger et de recruter. Les Français qui arrivent sont choqués par les prix des bureaux et les salaires. En moyenne, 5 % des entreprises créées réussissent.

Comment expliquer un taux d’échec aussi élevé ?

Il ne faut pas interpréter ces statistiques de manière négative mais plutôt comme un défi ! La Baie de San Francisco est très compétitive, plus que toute autre région des Etats-Unis, et le nombre de startups est élevé. Il faut donc être parmi les meilleurs de son secteur pour se démarquer et parvenir à lever des fonds. Les coûts de fonctionnement sont élevés et on peut vite épuiser ses ressources et se retrouver en situation de « cash burn ». Plusieurs essais sont généralement nécessaires pour qu’une entreprise réussisse dans la Silicon Valley.

Comment l’écosystème français de la région de San Francisco a-t-il évolué depuis la fondation de la Chambre en 1978 ?

Les Français sont de plus en plus nombreux à San Francisco la communauté est estimée à 60 000 personnes. Les entrepreneurs qui s’installent sont de mieux en mieux préparés : ils bénéficient d’un meilleur accompagnement en France et possèdent une meilleure connaissance de la culture américaine. Le réseau de soutien sur place est aussi mieux organisé. L’incubateur français The Refiners est spécialisé dans l’aide aux startups étrangères.

Trois cent cinquante entreprises sont membres de la Chambre de commerce franco-américaine de San Francisco. Qui sont-elles ?

Un tiers de nos membres sont des entreprises américaines. Nous les aidons à comprendre la culture française des affaires et à recruter des stagiaires. Les ingénieurs français, réputés pour le niveau de leur formation, sont très recherchés dans la Silicon Valley. Nos autres membres sont des startups spécialisées dans les nouvelles technologies et le vin, des grands groupes français comme Air France, Total, Suez et Capgemini, mais aussi des petites entreprises comme des salons de beauté, des restaurants et des boulangeries. Pour profiter des dernières innovations de la Silicon Valley, de plus en plus d’entreprises françaises installent des centres de recherche dans la région : c’est le cas notamment de Renault, du Crédit Agricole, de Faurecia et de Daher. Ouvrir un bureau à San Francisco, c’est s’offrir une légitimité.