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FrenchFounders, le réseau d’entrepreneurs qui monte

Fondé à New York en 2014 par deux expatriés, FrenchFounders s’est inspiré des start-up pour bousculer les codes des communautés d’entrepreneurs à l’étranger. Une recette qui séduit plus de 4 000 membres, répartis dans le monde entier.
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Un évènement de FrenchFounders à New York, en juin 2021. © FrenchFounders

Le lieu pourrait ressembler à n’importe quel espace collaboratif de travail. Une pièce ouverte et lumineuse, façon loft, avec de grands bureaux partagés, quelques plantes vertes, un canapé et même, dans un coin, une table de ping-pong. Mais le siège de FrenchFounders à Manhattan, tout près du Flatiron Building et du Chelsea Hotel, propose bien plus qu’un énième concurrent de WeWork. En ce mardi soir de novembre, il accueille une ancienne ministre de Nicolas Sarkozy, Nathalie Kosciusko-Morizet, et l’une des CEO de Veolia en Amérique du Nord, Karine Rougé, venues débattre devant une quarantaine de personnes. Tous membres de ce club privé d’entrepreneurs, ils termineront la soirée autour d’un verre, en échangeant anecdotes, conseils et contacts.

Huit ans après sa création à New York, ce réseau de professionnels compte 4 000 membres à travers le monde, dont 1 300 en Amérique du Nord. Créateurs de start-up, investisseurs, consultants, dirigeants ou cadres supérieurs de grands groupes ou de PME, ils payent 990 dollars par an pour participer à des événements, en présentiel ou en ligne, et pour accéder à des services personnalisés, qu’il s’agisse de trouver un partenaire commercial, recruter, financer un projet ou s’implanter dans un nouveau pays. « Notre cœur de métier, c’est la mise en relation », résume Benoît Buridant, cofondateur de FrenchFounders. « Nous connaissons très bien nos membres et si nous savons les accompagner de façon pertinente, ils prendront toujours le temps d’aider un autre membre. »

L’idée de départ est venue d’un besoin personnel : en 2013, Benoît Buridant et Vincent Deruelle sont tous deux créateurs de start-up en Floride et se plaignent de la difficulté à rencontrer d’autres entrepreneurs. « Quand vous arrivez dans un pays en tant qu’expatrié, vous devez vous créer un nouveau réseau et il n’y a rien qui vous donne une vue globale de l’écosystème », explique Benoît Buridant. « FrenchFounders a été imaginé pour combler ce manque : si vous voulez travailler avec Walmart, il est plus simple de passer par un membre qui est déjà en contact avec eux. »

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Les deux entrepreneurs à l’origine de FrenchFounders : Benoît Buridant (à gauche) et Vincent Deruelle. © FrenchFounders
Le siège new-yorkais de FrenchFounders, tout près du Flatiron Building et du Chelsea Hotel. © FrenchFounders

A côté d’institutions publiques, parapubliques ou associatives chargées de promouvoir les entreprises françaises à l’international, FrenchFounders s’est démarqué en reprenant les recettes et les codes des start-up. Les données, les réseaux sociaux et la visioconférence sont au cœur de son fonctionnement. Les sessions de réseautage, par continent géographique ou par secteur d’activité, se font via une application pour smartphone. Et, comme la plupart des jeunes pousses, l’entreprise a fait appel au capital-risque pour se développer, en levant près de deux millions d’euros depuis sa création. Fin 2022, elle a accueilli à son capital le gestionnaire d’actifs Tikehau, une des nouvelles étoiles de la finance française, pour un montant resté secret.

Un réseau français international

Tout cela a permis à la jeune entreprise de croître rapidement pour devenir une mini-multinationale, avec 75 employés et des bureaux dans onze pays. « FrenchFounders est parti des Etats-Unis, mais très vite nous avons eu une présence globale, parce que nos membres ont des besoins dans le monde entier – on l’a vu pendant le Covid, où FrenchFounders leur a permis d’échanger leurs expériences alors qu’ils ne pouvaient plus se déplacer », se souvient Benoît Buridant, resté aux Etats-Unis, où il occupe le poste de CEO. Vincent Deruelle, lui, s’est depuis installé à Madrid et dirige les opérations de l’entreprise. Au fil du temps, ce réseau mondial a aussi vu grandir sa présence en France. L’informatique est basée à Marseille et la plus grosse implantation est celle de Paris, avec près d’un millier de membres. « Beaucoup sont des expatriés qui reviennent en France mais tiennent à conserver un réseau international. »

FrenchFounders se montre moins sélectif que l’autre réseau d’entrepreneurs français en vogue, The Galion Project, réservé aux fondateurs d’entreprises ayant levé au moins trois millions d’euros. Mais n’entre pas qui veut : c’est un club privé, avec dossier de candidature et liste d’attente. « Ce n’est pas de l’arrogance : on veut prendre notre temps pour avoir des membres qui correspondent à nos valeurs et qui améliorent l’expérience des autres », justifie le cofondateur. « Ce qui nous intéresse, ce n’est pas le métier de chacun, mais son parcours et ce qu’il peut apporter à la communauté. » Chaque adhérent est associé à un relationship manager, qui lui suggère régulièrement les événements à ne pas manquer et les nouvelles relations susceptibles d’aider ses affaires. FrenchFounders propose aussi un service de recrutement pour francophones, la possibilité de profiter de ses bureaux en déplacement et un club d’investissement pour aider des start-up tricolores à conquérir l’Amérique. Tout cela a un prix : depuis le 1er janvier, les nouveaux venus doivent débourser 1 490 dollars par an, soit 500 de plus que les anciens. En plus des cotisations « sur lesquelles on ne gagne pas d’argent », plaide le CEO, le réseau se finance en proposant des services aux entreprises.

Loin des soirées institutionnelles et des coupes de champagne, indépendant des pouvoirs publics, Benoît Buridant ne se voit pas en concurrent des autres organisations chargées du rayonnement économique de la France à l’étranger. Il juge même sa mission « très complémentaire ». Caroline Faucher-Winter approuve : « Nous sommes ravis de les avoir à nos côtés », témoigne la coprésidente du chapitre new-yorkais de la French Tech, fair-play. « Ils ont acquis un réseau significatif, en particulier aux Etats-Unis. A New York, ils sont incontournables. »

Les autres réseaux d’affaires français

Business France
Agence publique chargée d’aider les entreprises françaises à se développer à l’international et d’attirer des investisseurs étrangers en France, Business France compte 1 420 collaborateurs dans le monde entier, et huit bureaux aux Etats-Unis et au Canada.

La Chambre de commerce franco-américaine
Acteur historique, ce réseau de 18 associations à but non lucratif à travers les Etats-Unis rassemble plus de 700 membres à New York. Son activité se divise entre le réseautage, en organisant des événements rassemblant la communauté économique, et le parrainage de visas, en particulier pour les VIE (volontaires internationaux en entreprises).

Les Conseillers du commerce extérieur de la France
Ces dirigeants, cadres d’entreprises et indépendants forment un réseau de 4 300 bénévoles – dont 450 en Amérique du Nord, répartis entre onze chapitres – chargés de promouvoir le rayonnement économique de la France. Présents dans plus de 150 pays, ils sont nommés par décret du Premier ministre.

La French Tech
La Mission French Tech, sous l’égide du ministère de l’Economie et des Finances, réunit une centaine d’associations à but non lucratif afin de promouvoir les entreprises françaises du secteur des nouvelles technologies. A New York, le chapitre local organise depuis l’an dernier des soirées First Tuesdays pour réunir, souvent à Brooklyn, l’écosystème local, estimé à quelque 400 entrepreneurs.

She for S.H.E.
Fondé en 2016 par la coach Valérie-Anne Demulier, installée à San Francisco, ce réseau privé accessible sur abonnement rassemble plus de 200 femmes francophones à travers le monde. C’est, selon sa fondatrice, un « réseau humain avant d’être business », autour des valeurs qui lui donnent son nom : Sharing, Helping, Empowering.

The Elles Collective
Fondé en 2019 par seize expatriées à Los Angeles, ce réseau bénévole et privé regroupe une centaine de membres réparties en six chapitres entre San Diego et San Francisco : des femmes entrepreneures francophones qui représentent presque tous les secteurs d’activité et se réunissent lors de groupes mastermind thématiques et de « café virtu’elles ».

The Galion Project
C’est le carré VIP des réseaux d’entrepreneurs français : il n’est accessible qu’aux fondateurs de start-up ayant levé au moins trois millions d’euros. Mis à l’eau en 2015 à l’initiative de Jean-Baptiste Rudelle (cofondateur de Criteo, coté au Nasdaq), ce navire très exclusif compte environ 400 membres, essentiellement en France et aux Etats-Unis.


Article publié dans le numéro de février 2023 de France-Amérique. S’abonner au magazine.