« Gauguin » : voyage à Tahiti

Le réalisateur français Edouard Deluc consacre un film au peintre fauviste et à son exil tahitien, en salles américaines à partir du 11 juillet.

Après le Cézanne et moi de Danièle Thompson l’an dernier et le Rodin de Jacques Doillon tout récemment, voici un troisième film biographique consacré, cette fois, à Gauguin, autre grand artiste français du XIXe siècle et précurseur de l’art moderne. Le récit démarre en 1891. Paul Gauguin, la quarantaine, cherche à fuir la vie parisienne conformiste et bourgeoise de l’époque dans laquelle il ne trouve plus d’inspiration. Il va quitter sa femme et ses cinq enfants pour partir s’installer à Tahiti, en Polynésie française. Il veut y trouver sa peinture, en homme libre, en sauvage, loin des codes moraux, politiques et esthétiques de l’Europe civilisée. Il va s’enfoncer dans la forêt, bravant la solitude, la pauvreté et la maladie. Il y rencontrera Tehura, seulement âgée de 13 ans dans la vraie vie, qui deviendra sa compagne et le sujet de ses plus belles toiles. On notera que dans le film, l’adolescente est devenue une jeune femme…

Le film d’Edouard Deluc nous plonge dans ce douloureux parcours initiatique que l’artiste, qui n’était pas encore reconnu pour son talent à l’époque, s’est imposé à lui- même. L’interprétation physique de Vincent Cassel est spectaculaire. L’acteur révélé dans La Haine de Mathieu Kassovitz (1995) y incarne un Gauguin malade, amaigri, obsédé par son œuvre, sacrifiant sa famille et sa santé sur l’autel de son art. Un Gauguin qui se consume et se brûle. La présence coloniale française à Tahiti est seulement esquissée. La trame repose essentiellement sur la relation amoureuse entre Gauguin et sa muse tahitienne. A mesure que le film avance, ce personnage libertaire et idéaliste se transforme en mâle dominant qui enferme sa compagne pour s’assurer qu’elle n’ait pas d’aventures et enrage de voir ses œuvres copiées et vendues par les locaux. L’émotion resurgit, à la fin du film, quand apparaissent les toiles, sublimes, que l’artiste a peintes lors de ces deux années d’exil.

 

Sortie américaine : 11 juillet 2018
Durée : 102 min
Réalisateur : Edouard Deluc
Avec : Vincent Cassel, Thueï Adams, Malik Zidi
Distributeur américain : Cohen Media Group

=> Retrouvez toutes les séances aux Etats-Unis pour ce film sur le site FrenchFlicks.com


Article publié dans le numéro de juillet 2018 de France-Amérique