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Les premières classes bilingues du Kentucky ouvriront à la rentrée

Deux classes bilingues français-anglais ouvriront en août prochain à la Whitney Young Elementary School, un établissement public de Louisville, dans le Kentucky. L’école y voit une opportunité pour aider ses élèves défavorisés.
Le consul de France à Chicago, Guillaume Lacroix (à gauche), a visité l’école primaire Whitney Young le 26 janvier dernier. © Guillaume Lacroix/Twitter

Le programme d’immersion bilingue français-anglais a été voté à quatre voix contre une par le conseil des enseignants et des parents d’élèves de l’école primaire Whitney Young, le 27 février. « C’est une merveilleuse opportunité pour nos élèves et notre école », se réjouit Erica Lawrence, à l’origine du programme. Principale de l’établissement et francophile passionnée, elle a étudié à Montpellier puis à Paris.

Deux classes de kindergarten (grande section de maternelle) ouvriront à la rentrée 2018. Elles accueilleront un total de 45 élèves. Un niveau supplémentaire sera ensuite ajouté chaque année. Selon le modèle d’immersion retenu, dit « 50/50 », chaque classe sera encadrée par deux enseignants : un instituteur anglophone enseignera la littérature et les sciences sociales pendant une demi-journée, et un instituteur francophone enseignera les mathématiques et les sciences pendant la seconde moitié de la journée.

Appliqué à Pasadena (Californie), à Salt Lake City (Utah), à Scottsdale (Arizona) et à New York, ce modèle a démontré son efficacité. « Le français est la langue des arts et de la diplomatie », souligne Erica Lawrence. « Mais le français est aussi un outil pédagogique : l’enseignement bilingue permet de développer chez l’enfant un grand nombre de facultés cognitives, dont la lecture et la capacité à résoudre des problèmes. »

Un bénéfice pour les élèves issus des minorités

Erica Lawrence mise aussi sur le bilinguisme pour transformer positivement son établissement. Située dans un ancien quartier ségrégé à l’ouest de Louisville, l’école bénéficie d’une aide du gouvernement pour encadrer les élèves à risque, menacés par le décrochage scolaire. Un quart des élèves parlent une autre langue que l’anglais à la maison. Quatre-vingts-quinze pour cent des élèves sont issus des minorités et autant d’élèves reçoivent des repas à prix réduit.

Le bilinguisme, poursuit la principale, permet de « réduire l’écart de résultats » entre les élèves défavorisés et ceux issus de classes sociales plus aisées. Pour étayer ses propos, elle cite une étude conduite en Caroline du Nord entre 2007 et 2010. Deux universitaires américains, Virginia Collier et Wayne Thomas, ont montré que le multilinguisme bénéficie aux élèves issus des minorités, notamment aux enfants afro-américains, et permet d’améliorer leur taux de réussite scolaire.

Une bourse de l’ambassade de France

« Le programme bilingue sera un vrai coup de pouce pour l’école », lance Jacque Bott Van Houten. Francophile et responsable des programmes de langues étrangères pour les écoles publiques du comté de Jefferson – dont dépend l’école Whitney Young –, elle milite pour la création de programmes bilingues à Louisville. Elle a participé à la création du premier collège bilingue espagnol-anglais de la ville, en 2017, et a obtenu une bourse de 4 000 dollars de la fondation FACE et de l’ambassade de France aux Etats-Unis pour la création du programme français-anglais.

Cette somme permettra de former le corps enseignant à la pédagogie bilingue. L’école Whitney Young est désormais à la recherche d’un(e) enseignant(e) francophone certifié(e) par l’Etat du Kentucky. Erica Lawrence a prévu de visiter plusieurs classes d’immersion dans l’Indiana et assistera cet été dans le Delaware à une formation destinée aux responsables d’établissements bilingues. A Chicago, le consulat de France se dit prêt à « faire de la formation, de l’action pédagogique » et à « aider à l’accueil d’assistants ».

Les inscriptions pour l’année scolaire 2018-2019 sont ouvertes. La principale anticipe une majorité d’élèves anglophones. Louisville ne compte qu’une modeste communauté française – 322 Français sont recensés dans le Kentucky – mais entretient des liens avec la France. La présence de grandes entreprises (Michelin, Bel, Sodexo), une Alliance Française et un jumelage avec Montpellier, actif depuis 1954, favorisent les échanges. « Etudier en France m’a donné l’opportunité d’apprendre une autre langue et de me familiariser avec une nouvelle culture », insiste Erica Lawrence. « C’est à mon tour d’offrir à mes élèves une expérience aussi enrichissante. »