Objet culte : le parapluie de Cherbourg

[button_code]

Réputé pour sa solidité, capable d’essuyer les pires bourrasques, la grêle et même de résister à un lancer de pavés, le « Véritable Cherbourg » n’en joue pas moins les élégants. Avec avec sa poignée en bois verni, ses finitions dorées et son blason brodé à même la toile, c’est « la Rolls Royce du parapluie ».

Contrairement à ce que pourrait laisser penser le film de Jacques Demy, Les parapluies de Cherbourg, il n’existait pas de fabricants de parapluies à Cherbourg avant 1986. Curieux pour une ville où il pleut 192 jours par an… Pourtant lors du tournage de Demy, il faisait désespérément sec. Il fallut mobiliser les pompiers de la ville pour qu’ils viennent arroser la scène où Deneuve apparaît en imperméable jaune sous son parapluie.

Jean-Pierre Yvon était là. C’était en 1964, il avait 11 ans. Inspiré par ses souvenirs du tournage, cet ancien photographe décide de monter sa propre manufacture, qu’il finance en revendant l’hôtel particulier familial, dans les années 1990. Il l’appelle le « Véritable Cherbourg », le nom des « parapluies de Cherbourg » ayant été déposé par Demy. Novice mais ambitieux, Jean-Pierre Yvon doit tout apprendre des baleines, de la voûte et du mât. Pour ses parapluies de luxe, il ne retient que les matières nobles : carbone, titane, aluminium ou cuir.

La toile est un mélange coton-polyester, enduit à l’intérieur et à l’extérieur. L’écusson, avec les armes de Cherbourg, est délicatement brodé de 9695 points à même la toile du parapluie. Chaque poignée est ornée d’une bague en laiton massif, estampillée du blason de la marque. Les finitions sont dorées à l’or fin (18 ou 24 carats). La fermeture du parapluie se fait par deux lanières épaisses qu’il s’agit de nouer comme un kimono.

Un bel objet, fait main, vendu entre 100 et 350 euros l’unité. À l’heure où l’immense majorité des quatre millions de parapluies achetés chaque année en France sont importés de Chine, l’entreprise fait figure d’exception. De la quarantaine de fabricants français de parapluie à l’époque, il n’en reste que quatre !

L’entreprise, qui prospecte aujourd’hui le marché américain, peut compter sur ses nombreux ambassadeurs. Elle est le fournisseur exclusif du ministère des Affaires étrangères, de la Marine nationale et, bien entendu, de la mairie de Cherbourg. Le président américain Bill Clinton possède aussi son « véritable parapluie de Cherbourg » : une édition exceptionnelle réalisée à l’occasion du 50e anniversaire du débarquement en Normandie.

PRATIQUE

La boutique s’est récemment installée dans les locaux de l’ancienne Banque de France, face au bassin du commerce, 22, quai Alexandre III, à Cherbourg. À côté du lieu de vente, un musée du parapluie, un film et la découverte des ateliers de production permettent désormais au public de suivre les techniques de fabrication des parapluies.

Article publié dans le numéro de janvier 2016 de France-Amérque.