Doisneau, la musique et l’Amérique

Il « capturait l’esprit gaulois » comme nul autre. A l’occasion de la sortie du livre Doisneau et la musique et de l’exposition consacrée au photographe à la Philharmonie de Paris, France-Amérique s’intéresse aux reportages américains de Robert Doisneau.

Le baiser de l’hôtel de ville symbolise le Paris romantique des années 1950. Cette photographie, prise par Robert Doisneau pour le magazine américain Life, est l’une des plus célèbres du siècle dernier. Un couple s’y embrasse en pleine rue, indifférent aux passants.

Le photographe — qui fait partie avec Henri Cartier-Bresson des « humanistes » français les plus connus à l’étranger — est célèbre pour ses clichés de la vie parisienne : scènes de rues, enfants, passants classes aisées… Appareil photo à la main, il sillonne la capitale et ses alentours.

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Juliette Gréco, Saint-Germain-des-Prés, 1947 © Atelier Robert Doisneau

« Les merveilles de la vie quotidienne sont si excitantes », avait-t-il coutume de dire. « Aucun réalisateur ne peut arranger l’inattendu que l’on trouve dans la rue. » A sa mort, il laisse derrière lui près de 450 000 photos non publiées.

Un œil musical

Jusqu’au 28 avril 2019, la Philharmonie de Paris consacre à l’artiste une rétrospective sur le thème de la musique. La sélection, regroupée dans un ouvrage publié ce mois-ci aux Etats-Unis par Flammarion sous le titre Doisneau, Music (Doisneau et la Musique en français), est enrichie d’un texte inédit de la petite-fille de l’artiste, Clémentine Deroudille. Aznavour, Brassens, Claude François, mais aussi les Rita Mitsouko et les Négresses Vertes posent pour un portrait ou lorsqu’ils sont sur scène, dans les coulisses ou en studio.

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Eartha Kitt, Paris, 1950. © Robert Doisneau/Gamma/Rapho

Amateur de jazz, Robert Doisneau fréquente aussi les clubs de Saint-Germain-des-Prés et tire le portrait des plus grands artistes de son temps. Outre le franco-roumain Django Reinhardt, il photographie de nombreux Américains : Bill Coleman, Don Byas, Mezz Mezzrow… Ni le violoniste Yehudi Menuhin, ni la chanteuse Eartha Kitt n’ont échappé à son objectif.

Une fascination américaine

Les musiciens ne sont pas les seuls Américains à avoir inspiré Doisneau. Dès l’après-guerre, le photographe collabore avec Vogue et le New York Times. Il se rend pour la première fois aux Etats-Unis en 1960. Pour le magazine Fortune, il immortalise l’oasis californienne de Palm Springs, destination à la mode avec ses palmiers, ses piscines turquoise, ses voitures flambant neuves et ses terrains de golf verdoyants. Fasciné par cette Amérique en plein essor, il photographie pour la première fois en couleur.

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Les Rita Mitsouko, Parc de la Villette, Paris, 13 octobre 1988. © Atelier Robert Doisneau

Il retournera en Amérique en 1966 puis à nouveau en 1981 : il montre ses photos à la Witkin Gallery de New York et rencontre le portraitiste Arnold Newman dans son studio. Le travail de Doisneau séduit les musées américains. Ses clichés sont exposés dès 1948 à la Photo League Gallery de New York, à l’Art Institute de Chicago et au MoMA. Ses images en noir et blanc demeurent, pour le New York Times, « l’incarnation parfaite de l’élégance et de la finesse à la gauloise ».


Exposition Doisneau et la musique, jusqu’au 28 avril 2019 à la Cité de la musique – Philharmonie de Paris.

Doisneau et la musique de Clémentine Deroudille, Flammarion, 2018.
Doisneau, Music de Clémentine Deroudille, Flammarion, 5 février 2019.