Il y a cent ans, la bataille de Cantigny

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Les Etats-Unis et la France commémoreront ce week-end le centenaire de la bataille de Cantigny, du nom d’un petit village de la Somme. Cet épisode, une goutte d’eau dans l’océan de la Première Guerre mondiale, marque la première offensive américaine en Europe.

Cent-quatre-vingt-dix-neuf soldats américains ont été tués pendant la bataille de Cantigny, qui s’est déroulée du 28 au 31 mai 1918. C’est une petite bataille selon les standards de la Grande Guerre. Une escarmouche. Pourtant, quatre monuments en France et un musée dans la banlieue ouest de Chicago commémorent cet affrontement — la première victoire d’envergure de l’armée américaine en Europe et le baptême du feu de la première division d’infanterie.

L’armée qui débarque dans le port de Saint-Nazaire, le 26 juin 1917, est intrépide mais désorganisée. Les forces américaines comptent moins de 200 000 soldats et manquent d’uniformes, d’armes et de munitions. L’état-major allié ne fait pas confiance aux Yankees ; les Américains sont placés sous commandement français et cantonnés à l’arrière. A Gondrecourt, dans la Meuse, ils s’entraînent au maniement des armes et s’initient à la guerre de tranchées.

En mars 1918, une offensive allemande offre aux doughboys l’occasion qu’ils attendent. Les Allemands ont brisé les lignes alliées en Picardie et poussent vers Paris. Le général français Foch se résout à faire appel aux troupes américaines. La première division d’infanterie (la fameuse « Big Red One »), qui vient de terminer son entraînement, est envoyée sur le front de la Somme. Son objectif : s’emparer du village de Cantigny.

Plus de mille Américains sont tués, blessées ou gazés, mais le village est pris et deux-cent-cinquante soldats allemands sont faits prisonniers. Un fait d’armes qui vaudra aux hommes du 28e régiment d’infanterie leur surnom : les « Lions noirs de Cantigny ». L’affrontement marquera profondément un commandant d’artillerie de trente-six ans, Robert R. McCormick, héritier d’une famille d’industriels et propriétaire du Chicago Tribune. Celui-ci renommera sa propriété de Wheaton, à l’ouest de Chicago, en hommage au village de Cantigny et à sa mort en 1955, un jardin public et un musée consacré à la première division d’infanterie seront établis sur le site.

Une bataille oubliée

« Dans les années 1920 et 1930, tous les Américains connaissaient la bataille de Cantigny, mais la Deuxième Guerre mondiale a éclipsé cet épisode décisif de la Grande Guerre », regrette l’Américain Paul Herbert, officier à la retraite, historien et directeur du musée à Cantigny Park, dans l’Illinois. « Ce jour-là, les forces américaines que tout le monde pensait inexpérimentées et incapables de mener une guerre moderne ont prouvé leur valeur au combat. »

Immédiatement après leur victoire à Cantigny, les troupes américaines s’illustraient de nouveau au cours de la bataille du bois Belleau puis à Château-Thierry, sur la Marne. A ce point de la guerre, l’armée américaine est forte de deux millions de soldats et se bat à armes égales avec les Alliés. « Il a fallu près d’un an pour mobiliser, équiper et organiser les troupes américaines », concède l’historien. « Mais la bataille de Cantigny marque le passage d’une armée qui se déplace encore principalement à pied et à cheval à une armée motorisée et moderne. »

Paul Herbert assistera à l’inauguration du nouveau monument aux soldats américains à Cantigny, samedi 26 mai à 9h30 (heure de Paris) et Frédéric Chole, consul général adjoint à Chicago, assistera aux cérémonies de commémoration à Cantigny Park, lundi 28 mai à 10h (heure de Chicago).