Cinéma

Le Chant du loup, un thriller sous-marin sur Netflix

Ex-diplomate converti au cinéma, Antonin Baudry a réalisé un premier long métrage qui entraîne le spectateur à bord d’un sous-marin atomique. Après une sortie remarquée en France, le film est disponible depuis cet été sur Netflix aux Etats-Unis.
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© Pathé Distribution/Pathé/Trésor Films/CHI-FOU-MI Productions/Jouror Productions

« Il y a trois sortes d’hommes : les vivants, les morts et ceux qui vont sur la mer » : c’est par cette phrase d’Aristote que débute Le Chant du loup, thriller de guerre et premier film d’Antonin Baudry qui, avant de se lancer dans le cinéma, fut conseiller du ministre des Affaires étrangères Dominique de Villepin et coscénariste de la bande dessinée à succès Quai d’Orsay adaptée au cinéma par Bertrand Tavernier. Il fut également conseiller culturel à l’ambassade de France à New York de 2010 à 2014.

Son premier film au budget conséquent nous plonge dans l’univers des sous-marins nucléaires à travers le prisme de l’analyse sonore. « Ce qui m’a frappé quand je me suis intéressé au sujet, c’est que dans les sous-marins, le meilleur outil de détection des sons soit non pas une machine mais une oreille humaine », a-t-il expliqué à la presse. « L’oreille d’or d’un sous-marin, c’est celui qui, à bord, sait identifier et analyser les sons. Il y a en France une poignée d’oreilles d’or et une école pour les former, dont le nom est magique : le Centre d’interprétation et de reconnaissance acoustique (CIRA). C’est une école peu connue, dont les activités sont top secrètes. »

Le personnage principal du film, Chanteraide (incarné par François Civil), est cette oreille d’or chargé de décrypter les sons sous l’eau et de reconnaître le bruit des hélices ou des moteurs des engins de guerre dont « le chant du loup », nom donné aux sonars ennemis. Réputé infaillible, Chanteraide va commettre une erreur qui met en péril son équipage, pris dans l’engrenage de la dissuasion nucléaire.

Pour rendre son film crédible, Antonin Baudry a passé un mois d’observation dans un sous-marin de la flotte française. Sur le tournage, une équipe de vrais sous-mariniers ont été embauchés comme figurants afin d’expliquer aux comédiens la gestuelle et les codes de leur métier. « J’ai voulu m’inspirer du réel et non pas adopter les codes d’un genre cinématographique pré-établi », indique le réalisateur. « Je ne me suis pas inspiré d’autres films de sous-marins. Presque tous sont américains. Or, en France, nous sommes aussi confrontés à la question du nucléaire, de la dissuasion ; nous avons aussi cette armada de sous-marins et, ce que j’ai pu y observer ne correspond pas à ce qu’on voit dans les films américains. Donc, j’ai décidé de m’inspirer uniquement de ce que je voyais ou de ce que je ressentais. Même s’il y a des films de sous-marins que j’adore comme Das Boot ou A la poursuite d’Octobre Rouge. »

Le travail sur les bruitages, éléments essentiels du film, a été effectué au Skywalker Ranch, le studio de production sonore de George Lucas près de San Francisco. Le duo américain de musique électronique Tomandandy a composé la bande originale, créant une atmosphère angoissante qui sied à cette « une tragédie grecque à 500 mètres sous la mer », comme la qualifie le réalisateur. Le film rythmé est servi par un casting d’acteurs appréciés des Français : autour de la révélation François Civil, on retrouve les acteurs Omar Sy, Reda Kateb et Mathieu Kassovitz.


Article publié dans le numéro de septembre 2019 de France-AmériqueS’abonner au magazine.