Bon Appétit

Thierry Rautureau, des fourneaux aux plateaux de télévision

Les Américains connaissent Thierry Rautureau par son surnom, « the Chef in the Hat ». Installé à Seattle depuis trente ans, le cuisinier vendéen anime chaque semaine un programme de radio et participe régulièrement aux émissions culinaires des chaînes The Food Network, PBS et Bravo. Le petit écran offre une seconde vitrine à son café, Luc, qui participera à la Restaurant Week de Seattle du 2 au 13 avril prochain.
© Michael Soike

France-Amérique : En référence au panama que vous portez et au livre de Dr. Seuss, les Américains vous surnomment « the Chef in the Hat ». Se créer un personnage est-il important dans votre métier pour se faire un nom aux Etats-Unis ?

Thierry Rautureau : Les chefs américains ont du mal à percer, les étrangers doivent redoubler d’efforts. Je suis arrivé de Saint-Hilaire-de-Loulay, en Vendée, avec douze dollars en poche. Je n’avais rien à perdre. Lorsque je me présente aux gens avec mon chapeau et mon surnom brodé sur ma veste de cuisine, ils sourient en pensant au livre The Cat in the Hat et se souviennent de moi ! Si des opportunités se présentent à vous, il faut savoir les saisir.

Quelle importance votre carrière médiatique a-t-elle eu dans le succès de vos restaurants ?

Les médias ont été la clé de mon succès aux Etats-Unis. J’ai ouvert mon premier restaurant, Rover’s, à Seattle en 1987. La cuisine fine se développait à toute vitesse à New York, mais personne sur la côte est n’avait entendu parler de bons restaurants dans l’Etat de Washington. Avant Internet, la télévision était le seul moyen de me faire connaître dans l’ensemble du pays. En 1989, j’ai rencontré Graham Kerr, l’animateur de l’émission culinaire des années 1960 The Galloping Gourmet, et me suis jeté à l’eau. Je suis passé plusieurs fois dans Good Morning America et dans Ready, Set, Cook! A chaque fois que je passais par New York pour tourner une nouvelle émission, je sollicitais l’attention les médias.

Le bœuf bourguignon, un incontournable du café Luc à Seattle. © Michael Soike

Comment choisissez-vous les programmes dans lesquels vous apparaissez ?

Je choisis des émissions en adéquation avec ma personnalité. Les émissions comme Top Chef ne m’intéressent pas : la cuisine est reléguée au second plan par les histoires d’amour et les disputes. J’ai participé plusieurs fois à Top Chef Master U.S.A., comme candidat puis comme juge. Le programme reproduit la préparation d’un restaurant avant le service. Les candidats ont un temps limité pour discuter d’un menu, se répartir les tâches et cuisiner. Depuis 2015, les documentaires Chef’s Table offrent aux chefs une visibilité considérable. Chaque épisode est tourné dans les cuisines des plus grands restaurants du monde et diffusé sur Netflix, une plateforme qui compte près de cent millions d’utilisateurs. Malgré le succès de cette série, les médias ne remplaceront jamais l’honneur de recevoir une étoile Michelin.

La Seattle Restaurant Week 2017 se tiendra du 2 au 13 avril prochains. Quels plats recommanderiez-vous aux curieux qui voudraient découvrir votre café ?

Les rillettes de canard sont accompagnées de dés de pommes vertes récoltées localement. Cet amuse-bouche acidulé sera parfait pour commencer votre repas chez nous. En plat principal, je vous conseille la truite, pêchée dans les rivières du massif des Cascades à l’est de Seattle. Pour le dessert, optez pour le feuilleté à la rhubarbe et sa crème pâtissière, servi avec un sorbet à la rhubarbe et saupoudré d’amandes grillées.


Luc
2800 East Madison Street
Seattle, WA 98112
(206) 328-6645