Les petits soldats de Trump et de Macron

Donald Trump, émerveillé par le défilé militaire du 14 juillet 2017 sur les Champs-Elysées, souhaite désormais organiser sa propre parade à Washington.

On s’interroge sur la motivation du président américain : souhaite-t-il réaffirmer la puissance militaire des Etats-Unis ? Elle est bien connue de ses alliés et de ses adversaires. Sans compter qu’une parade similaire à celles qui ont lieu à Moscou, à Pékin ou à Pyongyang révélerait plutôt un certain sentiment d’insécurité de la part des Américains. Cette parade nuirait sans doute à l’image des Etats-Unis, plus populaire à l’étranger pour sa démocratie, sa capacité d’innovation et son industrie du loisir que pour ses missiles. Un défilé militaire serait un réducteur d’influence américaine et ramènerait la puissance américaine au niveau des dictatures militaires. Adieu la diplomatie et le soft power. Mais ce ne sont là que des arguments rationnels, avancés même par les militaires américains. Trump tient à son défilé.

Il conviendrait aussi de s’interroger sur ce défilé français du 14 juillet. La France est l’une des rares nations démocratiques où l’on célèbre la fête nationale par un défilé militaire. Cette tradition remonte aux années précédant la Première Guerre mondiale : le pays, saisi d’une fièvre belliqueuse et nationaliste, ne songe qu’à la revanche contre l’Allemagne qui, en 1870, s’est emparée de l’Alsace et de la Lorraine. Après la guerre, la tradition a perduré pour célébrer la victoire de 1918 et derechef en 1945.

Nul chef d’Etat, depuis lors, n’a osé mettre un terme à ce défilé militaire. Il s’y ajoute une certaine nostalgie de l’empire français : la France n’est plus une puissance impériale mais elle en garde le souvenir. Les soldats les plus applaudis à Paris sont les légionnaires, qui contribuèrent naguère à conquérir l’Afrique. Le passé colonial demeure et la France ne se résout pas à son rôle de puissance moyenne.

Il est étrange aussi que ce défilé ait lieu le 14 juillet, jour anniversaire de la prise de la Bastille en 1789 et de la fête de la Fédération en 1790. L’armée française n’a participé à aucun de ces deux événements fondateurs de la République.

Le fondement des rites et des coutumes, il est vrai, est d’en oublier l’origine et le sens. Trump devra donc inventer une tradition, puisque celle-ci n’existe que dans son imagination fertile. Devrait-on lui suggérer un défilé de soldats de plomb ? Ce serait moins onéreux.

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