Trump vs. Harley-Davidson : l’équipée sauvage

Trump n’a besoin de personne en Harley-Davidson. La décision du constructeur américain de délocaliser sa production — une réaction aux droits de douane imposés par l’U.E. — a énervé le président.

La Harley-Davidson que chantait Brigitte Bardot en 1967 (Je n’ai besoin de personne, en Harley-Davidson) reste la moto mythique dont rêvent toujours bien des Français. La fédération des fans de Harley compte trente-six clubs en France ! A elle seule, la moto de Milwaukee symbolise les Etats-Unis, l’Ouest, libre et sauvage. Mais on sait que les engins importés en France seront désormais construits en Thaïlande, en Inde et au Brésil de manière à échapper aux rétorsions douanières que l’Union Européenne inflige à l’Amérique de Trump en réaction aux droits de douane américains sur l’acier et l’aluminium.

Ces rétorsions sont ciblées de manière à ne pas passer inaperçues : avec 40 000 motos par an, l’Europe représente le deuxième marché de Harley après les Etats-Unis. Trump, touché au vif, a aussitôt réagi sur Twitter en menaçant le constructeur d’une amende « encore jamais vue ». Les Européens ont atteint leur but, qui est de démontrer l’absurdité de l’économie trumpiste.

On a du mal à comprendre comment le gouvernement américain a un instant imaginé que le protectionnisme pourrait créer des emplois aux Etats-Unis, où le taux de chômage est historiquement bas (3,8% en mai 2018, contre 8,9% en France). On sait, depuis les années 1930, que la fermeture des frontières conduit au chômage de masse et on sait, depuis cinquante ans, que la mondialisation est le moteur de la croissance partout.

Les seuls pays pauvres, du type de la Corée du Nord, sont ceux qui s’isolent. Il est temps que les électeurs américains ramènent à la raison, si faire se peut, le plus anti-américain des présidents : Donald Trump lui-même, l’homme qui rétrécit l’Amérique.

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