Une nouvelle amie, le film transgenre de François Ozon

Le réalisateur français François Ozon tourne vite, à un rythme presque allenien. Après Jeune & jolie l’an dernier, Une nouvelle amie (The New Girlfriend), adaptation libre d’une nouvelle de la britannique Ruth Rendell, sort vendredi 18 septembre aux Etats-Unis.

Claire (Anaïs Demoustier) vient de perdre sa meilleure amie, Laura (Isild Le Besco). Claire fait le serment de veiller sur David, l’époux de Laura, et sur leur enfant. Sur les conseils de son mari Gilles (Raphaël Personnaz), Claire rend visite à David. Poussant discrètement la porte de sa demeure bourgeoise, elle découvre l’enfant dans les bras de son père, maquillé, assorti d’une perruque blonde, en tailleur et talons hauts. David, explique-t-il, a besoin de se sentir femme, son épouse défunte était au courant, lui a demandé de ne pas se travestir en public, ce qu’il a accepté. Puis le besoin de se travestir est revenu à la mort de Laura, « comme une évidence ». Claire est choquée, intriguée, puis à l’écoute. Sa relation avec David se transforme, elle le nomme bientôt Virginia. Une nouvelle amie suit le trouble et les répercussions de cette transformation sur les trois personnages.

François Ozon a toujours été inspiré par les questions d’identité de genre, saisies dans toutes leur ambiguïté, pas uniquement comme un ressort comique. La mise en scène détonne, elle marrie des tons différents, des notes d’humour et de Nicole Croisille, des séquences de rêve et des passages plus noirs. François Ozon, avec une grande rigueur, réussit son dosage, surprend, sans toutefois bousculer plus encore ses personnages pour atteindre le vertige. Anaïs Demoustier, de plus en plus présente à l’écran, confirme l’étendue de son talent dans les premiers rôles, déjà remarquée dans Bird people de Pascale Ferran (2013). Romain Duris pousse un peu trop son jeu et ses manières pour être vraiment touchant. Raphaël Personnaz parvient à élever son personnage, plus en retrait et en décalage par rapport au couple principal.

Se déroulant dans un quartier résidentiel anonyme de France, ce conte possède de forts accents américains. Billy Wilder n’est pas loin, les mélos de Douglas Sirk sont cités, « Laura » fait référence à la grande disparue du film d’Otto Preminger, la mystérieuse blonde semble sortie d’un film de Hitchcock. La maison de David est, dans les moindres détails, typiquement américaine, jusqu’à la forme des interrupteurs. Une virée shopping entre filles est rejouée ironiquement comme un rite initiatique, à la manière des comédies romantiques hollywoodiennes. Une séquence en chanson scelle avec brio une rupture émotionnelle, que Claire et David vivent de façon opposée.

Quelques mois après les défilés français contre la loi sur le mariage pour tous, Une nouvelle amie s’intéresse moins à la quête intérieure qu’au regard que l’autre porte sur la différence, le travestissement, un thème profondément cinématographique. Le réalisateur n’assène pas son propos à coup d’effets ou de provocation, mais rappelle simplement le droit universel d’exister.

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