Money in France and the United States

Aux Etats-Unis, être milliardaire conduit à la Maison Blanche. En France, les candidats à la présidence se doivent d’être pauvres (ou au moins de le paraître).

Avant Trump, la plupart des présidents, Clinton excepté, furent très fortunés. Leur prospérité a toujours été perçue par les électeurs comme un gage de succès et un rempart contre leur corruption. En France, c’est le contraire : les candidats à la présidence se doivent d’être pauvres. S’ils ne le sont pas vraiment, ils feront en sorte de le paraître. En ce moment, le candidat des Républicains François Fillon s’esquinte à minorer ses revenus familiaux et la valeur de son château. Ne pas réussir dans les affaires rassure les Français qui n’aiment pas le capitalisme. Aux Etats-Unis, Trump n’a jamais révélé ses revenus pour faire croire — probablement — qu’il est plus riche qu’il ne l’est véritablement.

Ce rapport à l’argent est aussi vieux que nos deux nations. Les Français, mentalement catholiques, identifient la fortune au péché et les aristocrates se reconnaissaient au fait qu’ils ne travaillaient pas. Vivre “noblement” exigeait l’oisiveté. Aux Etats-Unis, mentalement calvinistes, la fortune est interprétée comme une récompense divine, un signe “d’élection”, mystique et politique. Si l’on veut comprendre ce qui distingue nos deux nations, il faut chercher au tréfonds de notre histoire et de l’âme des peuples.

A défaut de l’argent, des traits communs nous rapprochent. En ce moment, les électeurs veulent du frais, de l’inattendu, voire de l’inconnu. C’est ce qui a fait la victoire de Trump aux Etats-Unis et fera sans doute celle d’Emmanuel Macron en France. Les peuples veulent être étonnés plus encore que rassurés.