Opération séduction pour la “French Tech” à Las Vegas

La “French Tech” entend confirmer sa vitalité au salon International CES de Las Vegas, avec un bond de 33% cette année du nombre d’exposants français, particulièrement sensible chez les startups, et une offensive de charme des pouvoirs publics.

Avec 120 entreprises, “on sera la première délégation européenne, de très loin, et la cinquième dans le monde” (derrière la Chine, les Etats-Unis, Taïwan et la Corée du Sud), se félicite Muriel Pénicaud, qui fera le déplacement comme directrice générale de Business France. Cette nouvelle agence publique unifiée, chargée d’accompagner les entreprises françaises à l’étranger et de promouvoir les investissements internationaux en France, offrira notamment des accès privilégiés au CES pour une vingtaine de startups, qui seront réunies dans un même espace. La délégation officielle comprendra aussi le ministre de l’Economie Emmanuel Macron, la secrétaire d’Etat au numérique Axelle Lemaire et le président du Medef Pierre Gattaz. “C’est un enjeu économique important pour nous, le numérique, c’est au coeur de la politique économique que je veux conduire”, explique Emmanuel Macron dans un entretien. “Aujourd’hui la moitié des créations d’emplois en France proviennent des startups de ce secteur, c’est un de nos secteurs d’excellence, que ce soit dans le logiciel, les jeux vidéo ou l’internet des objets, et c’est l’un des leviers de la prochaine révolution industrielle”, ajoute-t-il “Il faut y aller un peu en force pour être visible”, fait aussi valoir Mme Pénicaud, évoquant “un effet de masse critique”: les investisseurs américains ne voient plus seulement “un ou deux types géniaux dans un coin qu’on ferait mieux d’embaucher très vite; il y a tout un écosystème de startups qui est en train de germer”.

Le CES, un des plus grands rendez-vous mondiaux de la high-tech, est l’occasion de le montrer: un exposant sur cinq de l’espace dédié aux startups “Eureka Park” sera français, soit près de 70 entreprises au total. Seuls les Etats-Unis font mieux.

Champions de demain

Les Français apportent notamment beaucoup d’objets connectés, avec notamment des chaussures (GlaGla International), des poubelles de tri sélectif (Green Creative), des pots de fleur (MEG), un casque de relaxation (My Brain)… La tendance se retrouve dans les récompenses françaises aux “CES Innovation Awards”, avec la montre interactive Activité de Withings ou le textile connecté de Cityzen Sciences. L’effervescence des startups françaises reste “un phénomène assez récent”, reconnaît Mme Pénicaud. “Avant que ça fasse des groupes mondiaux, il faudra du temps.” Emmanuel Macron se dit toutefois “convaincu que dans ces startups françaises on a des champions de demain. La clé c’est qu’on les aide à grandir, à en absorber d’autres plutôt qu’à être tentées de se revendre ou de s’expatrier”.

Il faut selon lui favoriser un développement plus rapide, avec notamment un écosystème simplifié et des financements améliorés: “Il faut qu’on ait plus de venture capital (investisseurs spécialisés dans le capital-risque) et de rachats par nos grands groupes”. A l’image des pratiques des géants de la Silicon Valley, qui avalent nombre de startups et offrent du même coup des portes de sortie aux investisseurs des premières heures.

Le ministre va profiter de sa visite pour rencontrer des investisseurs et des patrons américains, comme par exemple ceux du géant des puces Intel ou de 3D Systems, un spécialiste de l’impression en 3D. Et pour expliquer les réformes économiques grâce auxquelles la France veut se rendre plus attractive. “L’innovation (française) est reconnue, la qualité des ingénieurs français est reconnue, il suffit d’en voir le nombre dans la Silicon Valley. Ce qui nous manque aujourd’hui, c’est d’expliquer ce qu’on fait et d’aller plus loin en modernisation de notre économie (…). C’est un des messages que je viens porter” au CES, affirme-t-il.