“Sans le rap US, IAM n’existerait pas aujourd’hui”

France-Amérique vous propose de gagner des places pour assister à un des concerts de la tournée d’IAM (4 places à gagner à New York et 4 à Los Angeles).

Pour avoir la chance d’être tiré au sort, répondez à cette question : Quel album d’IAM a été récompensé par un disque d’or et deux Victoires de la musique ?

Envoyez votre réponse à gmathieu@france-amerique.com, ainsi que votre nom et prénom. Les gagnants seront annoncés le 9 mars prochain et contactés par courriel.

Le groupe de rap français mythique IAM arrive aux Etats-Unis pour une tournée dans plusieurs villes. Pour France-Amérique, Shurik’n revient sur les liens qui unissent IAM et les Etats-Unis, ainsi que sur l’actualité du moment.

France-Amérique : La tournée d’IAM aux Etats-Unis commence en avril. Etes-vous toujours aussi enthousiastes à l’idée de venir jouer dans plusieurs villes américaines ?

 

Shurik’n : Oui ! Pour nous, le premier graal avait été de jouer à New York, à Central Park. C’était déjà inespéré. Mais là, monter sur scène dans plusieurs villes américaines, c’est encore plus fou. On va même jouer dans des villes qu’on ne connaît pas encore… On va profiter de chaque centième de seconde.

Allez-vous vous adapter au public américain ?

 

Il faut trouver un équilibre. D’un côté, il est vrai que la culture hip-hop aux Etats-Unis n’est pas la même qu’en France : il faut donc qu’on s’adapte un peu. Mais on vient aussi montrer ce que l’on sait faire, et ce qui fait notre singularité.

Les Etats-Unis ont une place fondatrice dans l’histoire du rap. Pour IAM, quelles sont les influences américaines qui ont compté ?

 

Rakim a beaucoup compté pour nous, c’est un rappeur qui fait l’unanimité au sein du groupe. Il y a aussi le Wu-Tang Clan, ou Grandmaster Flash… On a des goûts et des influences très variés. Ce qui est certain, c’est que sans le rap US, IAM n’existerait pas aujourd’hui. Le rap US a ouvert la voie.

Le rap aux Etats-Unis semble tenir une place plus importante que le rap en France. Comment jugez-vous cette différence de perception entre les deux pays ?

 

Cette différence est flagrante. Aux Etats-Unis, on voit qu’il y a une réelle considération à l’égard du rap : dans les médias, lors de leurs passages à la télévision, les rappeurs sont considérés comme des artistes à part entière. Ils sont présents lors de tous les grands évènements culturels, et ne sont pas parqués à part dans une rubrique urbaine. En France, les rappeurs sont plus marginalisés. Des clichés persistent, contre lesquels on doit lutter : le rap serait une musique de consommation rapide, faite pour les jeunes de banlieue… Alors que ça fait plus de 25 ans que le rap se développe en France ! Le rap reste la musique la plus écoutée et l’art le plus pratiqué par les jeunes Français. Il serait donc temps d’évoluer et de se rendre à l’évidence.

Les artistes ont parfois, grâce aux textes de leurs chansons, autant de poids, voire plus que les politiques. Considérez-vous avoir une responsabilité vis-à-vis de ceux qui vous écoutent, en particulier les jeunes ?

 

Pas vraiment. Le processus créatif est purement égoïste… Les seuls critères qui comptent sont ceux de celui qui écrit les textes. Je crois que c’est aussi ce que les gens aiment chez nous. On dit les choses comme on les voit, pas comme les gens aimeraient qu’elles soient dites.

En France, suite aux attentats de janvier, on a parlé d'”apartheid”, de ségrégation sociale et d’inégalités qui s’accroissent. Vous en parliez il y a 15 ans, en chantant “Sous la même étoile”…

Oui. Il est vrai que le terme “apartheid” est fort ; mais ceux qui se sont inscrits en faux contre cette expression n’ont probablement jamais été confrontés aux problèmes que rencontrent, par exemple, des gens de couleur pour trouver un appartement. Quand on veut gouverner un pays, il faut savoir comment on y vit. Par rapport à nos chansons, on ne tire aucune gloire à avoir été visionnaires. On aurait préféré se tromper… On n’a jamais pensé que nos écrits allaient changer radicalement le pays ; on souhaite donner un point de vue, et peut-être provoquer des déclics chez les gens. Si cela arrive, même chez une ou deux personnes, ça n’aura pas été un combat perdu.

Regrettez-vous l’aspect “bad boy” que donne parfois à voir le rap français, avec les clashs entre Rohff et Booba ou la vulgarité des textes de certains rappeurs ?

 

Les Etats-Unis ont aussi connu des clashs du même style. Même s’il est vrai que la copie française n’a rien à voir avec l’original américain : Tupac et Notorious B.I.G sont des rappeurs légendaires, alors que Rohff et Booba… Pour ce qui est des clashs français, je n’ai pas de temps à perdre à commenter leurs disputes. Les médias devraient d’ailleurs leur donner moins d’importance. Les rappeurs occupent la place qu’on leur laisse.

Quels sont vos projets avec IAM pour les années à venir ? Un nouvel album ?

 

Pour l’instant, on répète notre tournée, on est concentré là-dessus. On n’a pas encore commencé à travailler sur notre prochain album. On en parle entre nous, mais rien n’est défini… Il sortira probablement d’ici un ou deux ans.

Comment expliquez-vous la fidélité constante du public à votre égard ?

 

On s’en étonne à chaque concert, et on ne s’en lasse pas ! Cela nous fait plaisir, d’autant plus qu’on se rend compte que notre public est de plus en plus varié, en termes de générations et de couches sociales.

Vous voyez-vous continuer encore longtemps ?

 

Je ne sais pas ! Si on nous avait dit, à nos débuts, qu’on durerait aussi longtemps, on en aurait ri… Après, il y a forcément une limite, on ne va pas gambader jusqu’à 80 ans sur scène ! Il y a d’autres choses à faire.

Informations et billets : http://www.livenation.com/artists/137889/iam

Dates :

Le 15 avril à Fort Lauderdale

Le 17 avril à New York

Le 18 avril à Boston

Le 19 avril à Chicago

Le 21 avril à Houston

Le 22 avril à La Nouvelle-Orléans

Le 23 avril à Los Angeles