Vincent Lindon est à l’honneur à New York

À l’occasion de la sortie américaine du film The Measure of a Man (La Loi du Marché) vendredi 15 avril, le cinéma indépendant new-yorkais Metrograph, dans le Lower East Side, consacre une rétrospective de cinqs films à l’acteur français du 13 au 16 avril. L’acteur et le réalisateur du film, Stéphane Brizé, seront en ville pour assurer la promotion du film et rencontrer le public.

Film minimaliste tourné à la manière d’un docu-fiction, The Measure of a Man s’ouvre sur un entretien entre Thierry, un homme d’une cinquantaine d’années en période de chômage prolongé (l’acteur Vincent Lindon) à la suite d’un plan social, et un employé de Pôle Emploi. Les échanges sont courtois mais la tension bien réelle. Depuis vingt mois, l’ouvrier rompu au maniement de machines-outils complexes s’est mué en un dossier à problème, difficile à caser. Un poids pour Pôle Emploi qui ne lui propose que des stages inutiles et des formations sans débouchés que Thierry enchaîne sans y croire. En fin de droits, avec un enfant handicapé à charge et un crédit immobilier à rembourser, Thierry se bat pour retrouver coûte que coûte un emploi et tenter de garder la tête haute.

Contre toute attente, il obtient finalement un poste de vigile, ou plutôt d'”agent de sécurité” comme l’exige le jargon politiquement correct de l’entreprise, dans un hypermarché. En costume cravate, il surveille les allées et venues des clients et des employés. Conscient de cette “opportunité” inespérée, il se plie volontiers aux exigences de ce nouveau métier mais déchante rapidement. Confronté à des “voleurs” misérables (un vieil homme qui a glissé une barquette de viande sous le manteau, une mère de famille qui a usurpé une liasse de bons de réduction), il attrape, humilie et sanctionne. Renonçant ainsi, douloureusment, à sa dernière part d’humanité.
Entouré de non professionnels, jouant leur propre rôle dans la vie – conseiller Pôle emploi, banquière, caissière, vigile, patron –, Vincent Lindon fait preuve d’une force de jeu remarquable et remarquée – sa prestation a été récompensée par le César d’interprétation masculine –, toute en retenue. Il prouve, s’il est encore besoin, son statut de grand acteur, à la fois populaire et exigeant, bien qu’encore méconnu des Américains.

C’est cet oubli qu’entend réparer le cinéma Metrograph, qui consacre une rétrospective à l’acteur. Cinq films sont au programme : The Measure of a man (La Loi du marché) de Stéphane Brizé ; Welcome de Philippe Lioret dans lequel il interprète un maître nageur de Calais entraînant un jeune migrant kurde d’Irak à traverser la Manche à la nage pour rejoindre l’Angleterre ; Bastards (Salauds) de Claire Denis, dans lequel il incarne Marco Silvestri, un officier de marine marchande qui décide de venger la mort de son beau-frère poussé au suicide par les dettes d’une entreprise en faillite ; Pater d’Alain Cavalier, pour lequel le cinéaste Alain Cavalier et l’acteur se mettent en scène devant la caméra en interprétant respectivement les rôles de président de la République et de Premier ministre ; et A Few Hours of Spring (Quelques heures de printemps) de Stéphane Brizé où il interprète Alain, 48 ans, qui retourne vivre chez sa mère malade, après avoir passé dix-huit mois en prison pour un petit trafic de drogue.

L’acteur et Stéphane Brizé seront également au Lincoln Plaza Cinema ce vendredi 15 avril, où ils participeront à un Q&A (questions-réponses avec le public) à l’issue de la projection de The Measure of a Man.