Les écharpes, foulards et plaids de la marque Amédée 1851 célèbrent les croisières d’autrefois et le patrimoine industriel de la ville de Roubaix, capitale mondiale de la laine jusque dans les années 1970. Cette première collection d’accessoires en fibres haut de gamme et écoresponsables sera vendue en ligne à partir du 4 décembre.
Les modèles s’appellent Brooklyn, Santa Monica, South Beach, Valparaiso ou Bilbao, mais le savoir-faire est français. De Roubaix. Le nom de la marque — Amédée 1851 — rend hommage à l’usine de transformation de laine Amédée Prouvost, fondée dans le nord de la France en 1851.
A son apogée dans les années 1960, le site transformait 130 tonnes de laine brute par jour, l’équivalent de 60 000 toisons. Les balles de laine arrivaient d’Amérique du Sud, de Nouvelle-Zélande et d’Australie par bateau. Un fret confié à une compagnie de transport maritime fondée au Havre en 1872, les Chargeurs Réunis.
La compagnie, rebaptisée Chargeurs en 1983, rachètera toutes les activités lainières du groupe Prouvost. “C’est ainsi que nous avons commencé à produire de la laine”, explique Déborah Berger, directrice du développement de la division laine et fondatrice de la marque Amédée 1851. “Cette collection d’accessoires est un hommage aux origines du savoir-faire lainier de Chargeurs.”
Une laine 100% mérinos et écoresponsable
Echarpes, foulards, châles, étoles, plaids et bandeaux sont tissés à partir de laine mérinos produite en Tasmanie et en Patagonie. C’est la laine la plus fine du monde : ses fibres mesurent 14,5 à 16 microns (0,0145 à 0,016 millimètres) de diamètre. L’usine fondée par Amédée Prouvost a fermé ses portes en 1999 : les toisons sont maintenant traitées en Chine et en Argentine. La laine brute, ou “laine grasse”, contient de la lanoline, une graisse naturelle comparable au sébum. Elle est lavée, peignée et ses fibres sont enroulées sur des bobines.
Ces bobines de laine sont expédiées chez les filateurs. Le filage et la teinture sont réalisés à Biella en Italie ; le tricotage des écharpes a lieu au même endroit, le tissage des foulards en serge se déroule à Côme et celui des plaids en jacquard dans la région lyonnaise. Les foulards sont “roulottés”, ourlés et cousus à Madagascar et les franges et les étiquettes sont cousues à la main en Italie.
Du mouton à l’écharpe, la fabrication est traçable et écoresponsable. Le label Organica, créé par Chargeurs (qui possède aussi le magazine France-Amérique) en 2017, garantit une laine produite dans le respect de l’environnement, des animaux et des travailleurs. “Ce label nous permet de vendre nos laines plus chères et de payer nos éleveurs un meilleur prix, mais aussi de nous différencier de nos concurrents qui vendent une laine de commodité à des prix de plus en plus bas.”
Imprimés rétro et motifs Art Déco
La conception des modèles a été confiée à un directeur artistique parisien et à une dizaine de créateurs recrutés en France. Les motifs géométriques sont un clin d’œil aux années 1920, âge d’or des usines textiles de Roubaix. Le foulard “Brooklyn” décline la palmette de l’Antiquité égyptienne et du mouvement Art Déco ; le modèle “Valparaiso” imite une valise de cuir usée par les voyages et couverte d’étiquettes d’hôtels. Le carré “Raspail” est inspiré des tableaux Colored Rythm de Sonia Delaunay et le carré “Santa Monica” rend hommage aux séries californiennes du peintre David Hockney.
Dans un premier temps, les accessoires Amédée 1851 seront vendus en ligne. “C’était donc important que nos écharpes soient modernes et colorées, attrayantes à l’écran et adaptées à une communication sur les réseaux sociaux”, indique Déborah Berger. La prochaine étape ? Approcher des grands magasins et des concepts stores en France, aux Etats-Unis et en Asie. “Les clients ont besoin de pouvoir toucher nos foulards et nos plaids ; ils sont très doux !”
Par son approche branchée et écologique, Amédée 1851 compte ravir à la maison Hermès, célèbre pour ses foulards de soie B.C.B.G., le marché des “trentenaires urbains et adeptes d’Instagram”. Les prix sont inférieurs — comptez 250 à 350 euros pour un carré en serge contre 390 euros pour un carré Hermès — et la qualité est équivalente. “Nous sommes loin des grands groupes de luxe existants”, assure Déborah Berger. “Nous revendiquons notre statut d’entrepreneur et défendons une manière de produire et de consommer en accord avec les tendances actuelles.”
=> Boutique Amédée 1851 : www.amedee1851.com
Carré de serge “Santa Monica”, 350 euros.
Bandana “Brooklyn”, 110 euros.
Carré de serge “Molitor”, 250 euros.
Carré de serge “Signature”, 350 euros.