Le 11 juin dernier se tenait le premier tour de l’élection qui choisira les 577 députés qui siègent à l’Assemblée nationale française et votent les lois. La presse américaine décrypte la victoire de La République en marche, le parti d’Emmanuel Macron, dont une majorité de candidats sont arrivés en tête des scrutins.
Ils étaient peu à s’être déplacés dimanche dernier. Le premier tour des élections législatives a été marqué par un taux d’abstention historique. « Seulement 48,7 % des électeurs se sont rendus aux urnes », relate CNN. Un Français sur deux n’a pas voté — c’est le plus faible taux de participation depuis les débuts de la Ve République, d’après Slate. Le Washington Post évoque « un manque d’enthousiasme général qui s’explique par la fatigue de l’électorat français qui s’est déjà rendu aux urnes deux fois au cours des deux derniers mois ».
Le résultat du premier tour est sans équivoque. La République en marche a recueilli 32,3 % des suffrages exprimés dimanche ; 400 des 468 candidats présentés par le parti sont arrivés en tête de leur circonscription. Le site d’actualités financières MarketWatch parle d’une « révolution » et applaudit la capacité des Français à « renverser l’ordre politique établi, rejetant les partis dominants en faveur d’un nouveau mouvement énergétique et de son chef charismatique. »
Les Républicains sont relégués en deuxième position avec 21,5 % des voix. Entre 80 et 132 députés devraient siéger dans la nouvelle Assemblée nationale, contre 199 dans la législature précédente. Avec seulement 9,51 % des suffrages exprimés au premier tour, le Parti socialiste a enregistré un score historiquement bas. Le mandat de député de Benoît Hamon, d’Aurélie Filippetti et de Jean-Christophe Cambadélis ne sera pas reconduit.
De leur côté, les leaders du Front national et de La France insoumise échouent à constituer une nouvelle majorité. Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon ont respectivement obtenu 13,2 % et 11,02 % des voix. « Marine Le Pen a utilisé le faible taux de participation pour expliquer le mauvais score qu’a obtenu son parti », rapporte Vice News. La présidente du FN aurait insisté en évoquant « un taux d’abstention catastrophique qui doit soulever les problèmes liés aux modalités de vote qui empêchent, d’après elle, des millions de Français de se rendre aux urnes ».
Trop de pouvoirs à Macron ?
Le New York Times estime « qu’entre 415 et 445 sièges de l’Assemblée nationale seront aux couleurs de La République en marche au lendemain du second tour des élections législatives ». Une majorité qui donnerait au président français « la possibilité de promulguer librement les réformes promises pour relancer l’économie française et encourager la création d’emplois ». Bonne nouvelle ? Peut être pas.
« Le pouvoir exécutif en place n’est encadré par aucun pourvoir judiciaire », nuance le quotidien américain. Depuis son arrivée à l’Elysée en mai dernier, Emmanuel Macron a renforcé la sécurité face à la menace terroriste en créant un centre national de lutte contre le terrorisme qui relève directement… de sa propre juridiction. Les mesures mises en place dans le cadre très précis de l’état d’urgence sont également en passe de devenir permanentes, entravant alors les droits des citoyens français. Des faits que le New York Times qualifie de « troublants et très alarmants ». Jean-Luc Mélenchon s’inquiète aussi, explique Eleanor Beardsley, journaliste de NPR. « Il trouve très dangereux que les Français lui donnent tant de pouvoir. »
De son côté, Forbes se félicite de la demi-victoire de La République en marche et incite les Américains à « en prendre de la graine ». « C’est un parti aux solutions hybrides puisant des idées de tous les côtés, chez les socialistes comme chez les conservateurs », affirme le journaliste John Baldoni. A l’image de La République en marche, conclue-t- il, « ce dont nous avons besoin [aux Etats-Unis], c’est du pragmatisme économique conjugué à un attachement à des valeurs sociales ».