Le Pentagone a confirmé préparer un défilé militaire similaire à celui du 14 Juillet à la demande du président américain. Un projet qui suscite de nombreuses critiques.
Troupes en uniforme, véhicules blindés et démonstration de l’aviation : la parade du 14 juillet 2017 sur les Champs-Elysées a fait forte impression sur Donald Trump. Charmé par le défilé parisien — “la plus belle parade” à laquelle il aurait assisté —, il envisage d’organiser à son tour une démonstration de force militaire sur Pennsylvania Avenue, l’artère qui relie la Maison Blanche au Capitol.
Le 18 janvier, lors d’une réunion secrète, il a demandé aux responsables du Département de la défense “de dépasser” l’exemple français. “Les ordres étaient : ‘Je veux une parade comme celle de la France'”, a rapporté au Washington Post l’un des militaires présents à cette réunion. La suite de la discussion est demeurée confidentielle.
“Le président Trump est solidaire des militaires qui risquent leur vie chaque jour pour garantir la sécurité de notre pays”, a expliqué la porte-parole de la Maison Blanche. “Il a demandé au Département de la défense d’étudier la création d’une cérémonie au cours de laquelle tous les Américains pourront exprimer leur reconnaissance.” CNN rappelle que cette annonce fait suite à la décision de la Corée du Nord d’exhiber des douzaines de missiles longue portée lors d’un défilé à Pyongyang le 8 février.
Un “cauchemar logistique”
Le général Mattis, Secrétaire à la Défense, supporte la décision de Donald Trump et voit dans cette parade “un signe d’affection et de respect” pour les troupes. Or, selon le magazine Time, l’organisation de ce défilé “sera probablement un cauchemar logistique” et devrait coûter plusieurs millions de dollars, sans que l’on sache à qui la facture sera adressée.
La dernière parade militaire organisée à Washington célébrait la fin de la Guerre du Golfe en 1991. Elle avait coûté 22 millions de dollars (ajustés à l’inflation de 2018) et réuni entre 200 000 et 800 000 spectateurs. A cette occasion, les lampadaires avaient dû être retirés des trottoirs et 1 000 employés avaient été mobilisés pour nettoyer les rues. Les chars de 70 tonnes avaient endommagé la voirie.
En 2018, il faudra à nouveau faire venir des tanks et d’autres véhicules blindés depuis le Texas ou la Géorgie. Plusieurs dates sont à l’étude : Memorial Day (le 28 mai), la fête de l’indépendance (le 4 juillet) et Veteran’s Day (le 11 novembre), qui coïncidera cette année avec le centième anniversaire de la fin de la Première Guerre mondiale.
Une “dérive autoritaire” ?
De nombreuses voix se sont élevées pour critiquer ce que le Washington Post qualifie de “plus gros troll” du mandat à ce jour. L’ancien général Paul Eaton voit dans la requête de Donald Trump un “exemple inquiétant” de ses “tendances autoritaires”. Une inquiétude partagée par d’autres vétérans, tel que l’ancien lieutenant général Mick Bednarek. “En tant qu’Américains et employés du Département de la défense, nous ne voulons pas donner l’impression de faire de la surenchère face aux Nord-Coréens, aux Russes ou aux Chinois en exhibant notre puissance militaire”, confie-t-il au site Politico.
La parade ne représente pas, selon lui, la discrétion de l’armée américaine. Cette “propagande domestique” viserait plus à impressionner les autres puissances qu’à rendre hommage aux forces sur le terrain. Un groupe de vétérans va jusqu’à comparer le chef de l’Etat à un “aspirant leader de république bananière”.
Le Guardian dénonce également “un concours machiste”. Si le projet “révèle [Donald Trump] comme un despote en devenir”, les opposants au défilé devront être subtils, met en garde le quotidien britannique. Malgré les coûts et les dégâts, “une large partie de la société américaine aura envie de se lever et d’applaudir. Toute contre-manifestation pourrait alors facilement être taxée d’antipatriotique”.