Les récentes déclarations révisionnistes de Marine Le Pen annihilent ses efforts pour lisser l’image de son parti. Le Front national ne sera jamais un parti comme les autres.
Il revient à l’historien américain Robert Paxton d’avoir établi la vérité incontestable sur le régime de Vichy. Dans La France de Vichy, publié en 1973, Paxton révèle aux Français que, dès octobre 1940, le gouvernement du Maréchal Pétain crée un fichier avec noms et adresses des Juifs de France, que l’occupant Nazi ne réclamait pas.
Les déportations commencent le 16 et 17 juillet 1942 : 13 000 personnes, dont un tiers d’enfants, sont arrêtées par 7 000 policiers et gendarmes français et déportés. Comme l’écrit Paxton “les premières mesures de discrimination contre les Juifs ont été prises par le gouvernement de Vichy sans pression directe des Allemands”. En 1995, après cinquante ans de tergiversations, le président Jacques Chirac a reconnu enfin cette responsabilité directe de l’Etat français. Tout ceci semblait acquis jusqu’à ce que Marine Le Pen, répétant ce que disait son père Jean-Marie Le Pen, admirateur du Maréchal Pétain, déclare que la France n’est “pas responsable” de la rafle du Vel d’Hiv. Fallait-il réveiller cette querelle en campagne électorale ? Marine Le Pen partage-t-elle cette mystification, vichyste et antisémite de famille ? Compte-t-elle en tirer quelque bénéfice électoral ?
L’antisémitisme et le vichysme ne font plus trop recette auprès des électeurs français. Il faut donc envisager que Marine Le Pen croit ce qu’elle dit, ce qui la disqualifie pour exercer la fonction présidentielle et garantit que tous les candidats républicains finiront par s’unir contre elle. Le Front national, malgré tous ses efforts pour devenir un parti légitime, n’y parvient pas : marqué par ses origines racistes, anti immigrés et antisémite, le Front national ne sera jamais un parti comme les autres.