Les samedis 3 et 17 juin prochains, les Français résidant aux Etats-Unis et au Canada éliront leur représentant parmi dix-sept candidats. Julie Morel, candidate du Front de Gauche, nous parle de son programme.
France-Amérique : Présentez-vous. Qu’est-ce qui fait de vous la candidate idéale pour représenter les Français d’Amérique du Nord ?
Julie Morel : Agent d’escale commerciale pour Air France, je travaille à l’aéroport Roissy-Charles-de-Gaulle. Grâce à mon métier, je voyage beaucoup et rencontre tous les jours des passagers français qui (re)viennent d’Amérique du Nord. Ces relations m’ont permis de mesurer les difficultés inégalitaires de mes compatriotes. Lorsque je serai élue, je me battrai pour des lois qui servent les intérêts de celles et ceux qui n’ont que la force de leur travail pour vivre plutôt que les intérêts des marchés financiers. Syndicaliste depuis plusieurs années, je porterai la voix des travailleurs et des familles établis hors de France. Je lutterai pour de nouvelles conquêtes sociales et défendrai l’égalité de tous les citoyens.
Les Lycées Français d’Amérique du Nord sont hors de portée pour la plupart des familles expatriées. Quelles mesures proposez-vous pour généraliser les bourses et en faciliter l’accès ?
Je souhaite renforcer et transformer le service public d’éducation nationale, pour transmettre à tous les jeunes la culture de haut niveau nécessaire à leur avenir. Dans les écoles françaises à l’étranger aussi, il est temps de rompre avec les logiques de privatisation et de relancer une politique publique d’éducation. L’école de l’égalité, à l’étranger aussi ! Tous les enfants de familles françaises doivent pouvoir accéder à un établissement français. Je souhaite développer le réseau d’établissements gérées par l’AEFE [Agence pour l’enseignement français à l’étranger] pour en finir avec le recours forcé aux établissements privés. Je souhaite développer les accords internationaux permettant la gratuité et les bourses.
Quelles réformes proposez-vous pour faciliter l’accès aux soins pour les Français résidant en Amérique du Nord ?
L’accès à la protection sociale ne peut être sacrifié pour ceux (celles) qui choisissent ou sont conduits à s’établir hors du pays. A l’étranger, les Français(e)s sont confronté(e)s aux mêmes risques que leurs compatriotes. Ils sont cependant les premiers à subir les logiques capitalistes et libérales qui marchandisent la Sécurité sociale. La Caisse des Français de l’étranger devient de plus en plus une assurance privée. Je mettrai un terme à la logique libérale en mettant en place un organisme de sécurité sociale à part entière et ferai en sorte que l’accès à la couverture sociale se fasse aux mêmes conditions qu’en France. Je demanderai un renforcement de l’action sociale consulaire.
Comment comptez-vous améliorer la participation des Français de la première circonscription à la vie politique française, et notamment l’accès au vote ?
Le Parti Communiste Français a condamné l’annulation du dispositif de vote électronique. J’appelle pour ces élections les électrices et électeurs à développer la solidarité (procuration, co-voiturage, etc.). Je m’engage à travailler conjointement avec les conseillers consulaires pour élaborer une proposition de loi garantissant l’égalité citoyenne aux Français(es) établi(e)s hors de France : vote électronique, informations électorales, développement des bureaux de vote.
Quelles réformes du statut fiscal des Français de l’étranger prévoyez-vous ?
Je garantirai un impôt juste pour les Français(es) de l’étranger. Si la contribution commune des citoyens est nécessaire pour le maintien d’un service public français à l’étranger de qualité, l’imposition est souvent disproportionnée, notamment pour les faibles et moyens salaires. Je souhaite développer davantage la réglementation internationale et renforcer la lutte contre les paradis fiscaux et l’exil fiscal. Pour ce faire, je souhaite construire la tenue d’une COP [Conference of the Parties] fiscale mondiale. Renforcer les conventions fiscales et les accords entre les états afin de lutter contre l’exil fiscal des sociétés et hauts revenus et garantir la justice fiscale pour les revenus moyens et modestes.
Enfin, quelles mesures proposez-vous pour faciliter le retour en France des expatriés ?
Je défendrai une véritable transférabilité des droits en demandant un accès simplifié à la couverture sociale en France pour les Français(es) expatrié(e)s et leurs familles qui souhaitent se réinstaller sur le territoire national, une reconstitution de carrière avec la prise en compte des cotisations et points de retraite accumulés durant le parcours professionnel ainsi que la prise en compte de la carrière réalisée avant l’expatriation.
=> Jusqu’au premier tour, les candidats répondront aux questions de France-Amérique sur des thèmes chers aux expatriés : l’éducation, la santé, la consultation politique, la fiscalité et le retour en France.