Les samedis 3 et 17 juin prochains, les Français résidant aux Etats-Unis et au Canada éliront leur représentant parmi dix-sept candidats. Roland Lescure, candidat de La République en marche, nous parle de son programme.
France-Amérique : Présentez-vous. Qu’est-ce qui fait de vous le candidat idéal pour représenter les Français d’Amérique du Nord ?
Roland Lescure : Né à Paris en 1966, j’ai grandi dans un quartier populaire de Montreuil. J’habite à Montréal depuis 2009 avec ma femme et mes trois enfants où j’étais jusqu’à il y a deux mois chef des investissements à la CDPQ [Caisse de dépôt et placement du Québec], grande institution publique canadienne. J’ai quitté mon emploi pour me consacrer pleinement à la campagne présidentielle d’Emmanuel Macron. Aujourd’hui, je porte nos idées pour les élections législatives. Par mon ancrage local et par mon expérience forte de vingt-cinq ans dans le secteur public et privé, je suis en mesure de défendre les Français d’Amérique et d’être leur porte-voix à l’Assemblée nationale.
Les lycées français d’Amérique du Nord sont hors de portée pour la plupart des familles expatriées. Quelles mesures proposez-vous pour généraliser les bourses et en faciliter l’accès ?
Depuis la suppression de la PEC [prise en charge des frais de scolarité pour les lycéens], les frais de scolarité ont explosé et le système est devenu hors de portée pour la plupart de nos compatriotes. Nous redéfinirons les critères d’accès aux bourses scolaires afin que davantage de familles à revenus modestes et moyens puissent être éligibles. La prise en compte des biens immobiliers des familles devrait être réévaluée et ajustée au coût de la vie locale pour plus d’équité. Par ailleurs, dans les établissements conventionnés et partenaires, l’homologation sur critères pédagogiques pourrait être accompagnée de critères de bonne gouvernance et de bonne gestion pour éviter l’augmentation exponentielle des frais de scolarité.
Quelles réformes proposez-vous pour faciliter l’accès aux soins pour les Français résidant en Amérique du Nord ?
Les dépenses de santé sont importantes aux Etats-Unis, l’accès aux médecins difficile au Canada. La CFE est méconnue et onéreuse. Nous démocratiserons la CFE [Caisse des Français de l’étranger] en réorientant les avantages tarifaires des grandes entreprises vers les PME [petites et moyennes entreprises] et en instaurant des taux réduits pour les jeunes adhérents. Par ailleurs, le coût de la santé dissuade les Français d’effectuer toute consultation médicale préventive durant la durée de leur expatriation. Au retour en France, les coûts de santé augmentent donc de façon exponentielle pour des maladies qui auraient pu être évitées si elles avaient été décelées en amont. On pourrait donc envisager une couverture minimum qui permette un contrôle annuel chez un médecin homologué.
Comment comptez-vous améliorer la participation des Français de la première circonscription à la vie politique française, et notamment l’accès au vote ?
La simplification administrative est l’une des priorités budgétaires de notre programme. Nous aurons donc les moyens pour que les Français de l’étranger soient plus proches de leurs élus et mieux entendus au niveau national grâce à la dématérialisation des services consulaires. La priorité sera évidemment de remettre en place le vote électronique pour les élections législatives et de le généraliser pour les présidentielles. C’est une condition d’égal accès à la citoyenneté. Je pense notamment aux Français isolés, loin des bureaux de vote et qui ne peuvent plus exercer leur citoyenneté. Plus généralement nous créerons une plateforme sur internet qui permettra aux Français de l’étranger de participer à la dynamique nationale.
Quelles réformes du statut fiscal des Français de l’étranger prévoyez-vous ?
Les Français de l’étranger vivent depuis 2013 une situation absurde : en payant la CSG/CRDS [contribution sociale généralisée/contribution pour le remboursement de la dette sociale], ils financent des dépenses de solidarité dont, le plus souvent, ils ne bénéficient pas. Nous corrigerons cette injustice. Cet engagement figure dans le programme d’En Marche et nous le mettrons en œuvre. Nous harmoniserons également le statut fiscal des Français de l’étranger qui se sentent perdus dans les multiples situations particulières. Pour ne prendre qu’un exemple, il est impensable que la CSG soit déductible au Canada mais pas aux Etats-Unis. Parfois, les Français ne savent même pas quelles règles s’appliquent. Unifier ce statut, c’est aussi leur simplifier la vie et la rendre plus juste.
Enfin, quelles mesures proposez-vous pour faciliter le retour en France des expatriés ?
Chaque Français en Amérique du Nord doit être une chance pour transformer la France. Cela passe bien sûr par une meilleure représentation lorsqu’ils sont en Amérique mais aussi par faciliter leur retour en France pour parfaitement les réintégrer. Pour cela nos deux priorités sont les suivantes : la création d’un guichet unique accessible en ligne vous permettra d’anticiper toutes vos démarches pour votre retour — elle pourra concerner l’Assurance maladie, la retraite, la fiscalité ou encore l’inscription à l’école de vos enfants — ; faciliter l’accès aux allocations chômage et à la formation professionnelle pour les Français qui rentrent de l’étranger et ainsi homologuer vos diplômes et certifications professionnelles en France.
=> Jusqu’au premier tour, les candidats répondront aux questions de France-Amérique sur des thèmes chers aux expatriés : l’éducation, la santé, la consultation politique, la fiscalité et le retour en France.
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