In the U.S., Small Talk Is Not That Small

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© Kelly Dochy/France-Amérique

Imaginez… Vous êtes à Paris. Vous prenez place dans le bus. L’homme assis à vos côtés vous lance “Il fait beau aujourd’hui” avant de s’enquérir : “Où allez-vous ?” L’expérience risque d’être vécue comme dérangeante, plutôt qu’agréable.

Partons maintenant de l’autre coté de l’Atlantique. Deux inconnus, Jack et Rachel, tous deux américains, prennent le bus pour se rendre à Downtown Miami.

Jack: Nice day out today. Where you headed?
Rachel: Yeah, it is. Just going downtown to do a little shopping.
Jack: Yeah, my wifes at the mall right now, looking for a present for our daughter. Its her birthday next week.
Rachel: Oh, how nice! How old’s she gonna be?
Jack: Four. Already a little monster!
Rachel: Oh, I can imagine. At that ageWell, my stops up next. Good talking to you.

Une conversation sans intérêt, en apparence. Jack ne veut pas forcément savoir à tout prix où va Rachel. Et Rachel se fiche probablement de savoir que la femme de Jack cherche un cadeau pour sa fille. Vus de France, où la culture de la politesse exige de garder une distance respectueuse avec ses voisins, ces échanges peuvent sembler au mieux superficiels, au pire carrément gênants. Il suffit d’un voyage aux Etats-Unis pour constater que les Américains se parlent, beaucoup, partout, de tout et surtout de rien. Ils semblent être à l’aise et sympathiques avec tout le monde. Ils pratiquent en fait le “small talk”, et même si le contenu de l’échange est souvent banal, l’exercice lui n’a rien d’anodin.

La place du small talk” dans une société individualiste

L’importance n’est pas tant le sujet de conversation. C’est l’acte de converser qui importe ici. Le “small talk” joue un rôle important dans la société américaine, et paradoxalement, cette pratique puise ses racines dans l’individualisme. Dans une société individualiste, le sens d’appartenance au groupe est loin d’être acquis. Il faut donc s’en assurer et dans la société américaine, cette tentative passe par le “small talk”.

Ces petites discussions renforcent la notion d’égalité entre deux individus, tout comme la pratique courante d’interpeler ses semblables par leur prénom. En s’ouvrant à l’autre par une petite discussion a priori sans importance, on lui montre qu’on l’accepte, que l’on ne se croit pas supérieur à lui sans le connaître. Après tout, aux Etats-Unis, un jeune en jeans et pull à capuche peut s’avérer être le PDG d’une entreprise puissante.

Si vous n’initiez pas de “small talk” — même un échange très court — dans un lieu confiné comme l’ascenseur ou avec votre voisin de palier ou de bureau, l’Américain risque de vous percevoir comme une personne malpolie, froide, distante. Dans un certain sens, rejeter la conversation avec l’autre par son silence revient à rejeter celui-ci en tant qu’être humain. En somme, à l’exclure du groupe. Parfois l’exercice du “small talk” est pénible, même pour les Américains. Mais c’est comme ça. Pour s’ouvrir aux opportunités—dans la vie professionnelle comme dans la vie personnelle — il vaut mieux l’adopter.

C’est grâce à ces conversations légères que l’on crée du rapport, que l’on gagne la confiance de l’autre, que l’on montre à l’autre que l’on accepte le jeu social. Bref, que l’on se fait une place dans une société de 320 millions d’individus.


Américaine installée en France depuis 2004, Christina Rebuffet a développé une technique d’apprentissage de l’anglais adaptée aux Français complexés par leur niveau d’anglais ou désireux de parfaire leur maîtrise de la langue sans prise de tête. Avec une attitude positive et encourageante, elle les aide à dépasser leurs blocages, en privilégiant l’oral et les exercices ludiques.

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