Comme Donald Trump, Marine Le Pen est nationaliste, protectionniste, plutôt autoritaire et fermement anti-islam. Mais à l’inverse du président américain, Marine Le Pen est anticapitaliste.
Donald Trump, interrogé par un journaliste du Financial Times, a reconnu ne pas connaître qui était Marine Le Pen. La France, à l’évidence, ne figure pas sur l’écran du président américain. Ce n’est pas faute pour Marine Le Pen d’avoir essayé. On se souvient qu’en janvier dernier, elle avait tenté d’obtenir un entretien, mais dut se contenter de prendre un café au rez-de- chaussée de la Trump Tower.
A la question “Qui sont vos modèles en politique ?”, elle répondait récemment “Trump, Poutine, Modi”. Qu’est-ce qui réunit ces trois personnages et que fait dans cette collection le premier ministre indien ? Tous les trois sont nationalistes, plutôt autoritaires et fermement anti-islam. Mais à la grande différence de Donald Trump et de Narendra Modi, Marine Le Pen est anticapitaliste. En revanche, Le Pen et Trump sont bien tous deux protectionnistes : acheter américain et acheter français. Ce qui dans le cas de la France plus encore que celui des Etats-Unis laisse perplexe car un tiers des Français vivent des exportations, contre 8 % des Américains.
Marine Le Pen et plus généralement les médias et porte-parole qui la soutiennent veulent voir dans le succès de Trump et de Modi un sursaut des nations contre la mondialisation. Peut-être, mais les nationalistes perdent au moins autant d’élections qu’ils en gagnent, comme on peut le constater aux Pays-Bas, en Allemagne, en Espagne. Laisser croire que le trumpisme est une nouvelle idéologie globale qui va remplacer le libéralisme reste à démontrer.
On concédera un point cependant à Marine Le Pen dans sa comparaison avec Trump : leurs bases électorales se ressemblent. En France comme aux Etats-Unis, les révolutions techniques dans les modes de production industrielle ont marginalisé une population naguère ouvrière, peu encline à se reconvertir. Ce nouveau prolétariat constitue l’épine dorsale de ce que l’on appelle parfois le populisme. Et il est vrai qu’aux Etats-Unis comme en France, la réponse économique, sociale et éducative au désarroi de cette population délaissée se fait attendre. Trump en parle, mais en réalité, ne propose rien de sérieux. Marine Le Pen fait pire en avançant un programme — sortie de l’Europe et de l’Euro — qui ruinerait les Français, à commencer par les plus modestes.