Auteure d’ouvrages à succès dans la tradition américaine du self-help sur la femme française et l’éducation des enfants—Bring Up Bébé (2012)—, la journaliste Pamela Druckerman, installée en France depuis douze ans, s’exprime sur des sujets plus sérieux dans ses chroniques du New York Times.
Cette semaine, Pamela Druckerman a perdu la foi en la France. Face la “Jungle” de Calais qui ne désemplit pas, face au flot d’immigrants que pas même l’arrivée de l’hiver ne tarit, la journaliste regrette la France des grands philosophes et du Café de Flore. Elle reproche à la France d’avoir trahi ses idéaux humanistes. “La France a oublié son message universaliste”, écrit-elle dans un éditorial publié mardi dans le New York Times. “Aujourd’hui, ce n’est plus qu’un pays ordinaire, faillible et individualiste.”
Installée à Paris depuis douze ans, l’Américaine voit maintenant d’un autre œil le pays des Droits de l’Homme. La France n’est plus le “paradis” d’intellectuels qu’elle a trouvé en arrivant. La réalité du quotidien, des décisions de la Commission Européenne et des conflits au Moyen-Orient ont fini par rattraper la vision fantasmée d’une France où “la philosophie est obligatoire jusqu’au lycée” et où “les rappeurs citent Rousseau”.
Oui, les 24 000 réfugiés que la France a promis d’accueillir font pâle figure en comparaison des 130 000 “boat people” accueillis dans les années 1970 et cités en exemples d’ouverture multiculturelle dans l’article du New York Times. La France est-elle pour autant un “paradis perdu” ? Ou Pamela Druckerman se fait-elle seulement l’écho des déclinistes et pessimistes, aujourd’hui à la mode dans les médias français ?
A l’inverse, que pourrait penser des Etats-Unis un Français expatrié depuis douze ans ? Serait-il dépité de constater que “the greatest country on Earth” a un taux de pauvreté avoisinant les 15% et qu’un garçon noir qui y naît aujourd’hui a une chance sur trois de finir en prison ? Regretterait-il l’exceptionnalisme américain et les préceptes de la Déclaration d’indépendance ?
Face it, Pamela (Druckerman), la France et les Etats-Unis sont des pays ordinaires, mais la somme de leurs défauts reste inférieure à celle de leurs qualités—réelles ou fantasmées. C’est pour cette même raison que vous restez à Paris (et que nous avons choisis de rester à New York).