“Lover For a Day”: Garrel at the Peak of his Art

[button_code]

Après La Jalousie et L’ombre des femmes, le cinéaste Philippe Garrel signe un nouveau film sur les aléas du désir et de l’amour, en salles américaines le 12 janvier.

Le plaisir et la douleur. Une étudiante dévale les escaliers de l’université pour aller rejoindre son amant. Une autre est mise à la porte par son petit ami et s’écroule, en larmes, sur le trottoir. La première, Ariane, vit une relation avec son professeur de philosophie dont elle partage l’appartement. La seconde, Jeanne, n’est autre que sa fille. Toutes deux ont vingt-trois ans. Secouée par sa rupture, Jeanne retourne habiter chez son père et y découvre cette concubine qui a le même âge qu’elle. Un étrange ménage s’organise. Les deux femmes apprennent à se connaître et à se comprendre. Jeanne est une romantique tandis qu’Ariane est un don Juan au féminin. Bien que différentes, elles éprouvent le désir commun de vivre intensément leurs histoires d’amour. Chacune incarne, à sa façon, une idée de la jeunesse contemporaine.

Philippe Garrel régénère le théâtre des sentiments qu’il explore depuis ses débuts, en y intégrant, cette fois, l’amitié féminine. Le cinéaste n’avait jamais investi avec autant d’attention ce motif qui constitue, ici, un contrechamp à la relation homme-femme d’ordinaire cardinale dans ses autres films. Dans ce nouvel opus, l’homme est relégué au second plan, ce sont les femmes qui occupent le devant de la scène.

On retrouve dans ce film l’étendue du talent du cinéaste, influencé par la Nouvelle Vague, et qui a su bâtir, au fil du temps, une œuvre originale et exigeante : l’acuité de ses dialogues (co-écrits avec Jean-Claude Carrière et Annette Langmann), son sens de l’observation, la pureté de ses cadres et cette façon si particulière qu’il a de mêler sa vie à la fiction. Ses deux actrices principales (sa propre fille, Esther Garrel et Louise Chevillotte dont c’est le premier film) sonnent juste. L’image en Cinémascope, et en noir et blanc, signée Renato Berta participe à la réussite de l’ensemble. Garrel est ici au sommet de son art.

Article publié dans le numéro de janvier 2018 de France-Amérique.