Macron est un Européen qui croit en la diplomatie et en la réconciliation des peuples, quand Trump ne jure que par les rapports de force. Ils appartiennent à des mondes qui ne communiquent pas.
Emmanuel Macron découvre, s’il ne le savait déjà, qu’il est inutile d’embrasser le président américain. Si obtenir le maintien des Etats-Unis dans le traité passé avec l’Iran était le principal but diplomatique de la visite de Macron à Washington, eh bien c’est raté. Il est tout aussi douteux que les Etats-Unis réintégreront l’accord de Paris sur le changement climatique.
Macron et Trump ne peuvent pas s’entendre sur le fond, car ils appartiennent à des mondes qui ne communiquent pas. Macron est un Européen qui croit en la diplomatie et en la réconciliation entre les peuples ; les Français partagent globalement cette vision optimiste et pacifiée qui s’est imposée chez nous depuis 1945. Trump, à l’inverse, ne jure que par les rapports de force : pour lui, s’opposer c’est exister.
L’idéologie trumpiste a besoin d’adversaires pour imposer sa virilité supérieure ; quand cet adversaire est musulman — et aussi peu recommandable que l’ayatollacratie iranienne — pour Trump et ses supporters, c’est mieux encore. Macron vante les vertus de la démocratie pour tous les peuples et reste fidèle, au moins en paroles, à la tradition française des Droits de l’homme. Trump, en revanche, a totalement renoncé à exporter la démocratie : il ne cesse d’encenser les despotes de Russie, de Chine et d’Egypte. Il a même déclaré que le président de la Corée du Nord — un despote esclavagiste bien pire que celui de l’Iran — était “honorable”.
Trump a cependant invité le peuple iranien à se soulever contre le régime, mais pas les Egyptiens, ni les Nord-Coréens : on ne comprend plus, sauf à envisager que, pour Trump, certains peuples ont droit à la liberté, mais pas les Arabes, ni les Orientaux. En France, on s’interdit ce type de discrimination.
Macron a-t-il eu tort de se rendre à Washington ? Bien sûr que non, car il s’est aussi adressé au Congrès, sachant que Trump n’est que président et que son pouvoir est contrebalancé par celui du Congrès et des juges. Macron contre Trump a perdu une bataille, celle de l’Iran, mais il n’a pas perdu la guerre.