Elles sont loin les effusions franco-américaines du 14 juillet. Invité en France à l’occasion des cérémonies de commémoration de l’armistice de 1918, le président américain a accumulé les indélicatesses.
Il y a six mois, les deux présidents se donnaient l’accolade devant la Maison Blanche. Emmanuel Macron était alors en visite officielle à Washington et Donald Trump, ravi de retrouver son homologue français, tweetait son bonheur. « J’ai eu d’excellents entretiens et conversations avec mon ami, le président français Emmanuel Macron », déclarait-il le 24 avril dernier.
Mais la bromance a pris fin. En cause, la décision de Macron de créer « une vraie armée européenne », annoncée le 6 novembre. « On doit avoir une Europe qui se défend davantage seule, sans dépendre seulement des Etats-Unis et de manière plus souveraine », déclare-t-il au micro d’Europe 1. Une critique de l’OTAN qui équivaut, pour le président américain, à une déclaration de guerre.
Trump réplique le 9 novembre. A peine arrivé à l’aéroport d’Orly, il dit s’être senti particulièrement « insulté » par les déclarations de Macron avant de suggérer que l’Europe règle ses dettes à l’OTAN. En 2018, la France a consacré 1,81 % de son PIB à l’OTAN alors que les Etats-Unis ont fixé la contribution des Etats membres à 2%.
Une cérémonie sans Trump
Le lendemain, samedi 10 novembre, Trump refuse de participer à la cérémonie organisée au cimetière militaire du Bois Belleau, site d’une importante bataille américaine en juin 1918. La raison officielle ? Le mauvais temps empêche l’hélicoptère présidentiel de décoller. On propose à Trump de se rendre dans l’Aisne en voiture : il décline l’invitation, prétextant que son cortège paralyserait les rues de Paris.
La pluie ne s’est pas arrêtée le 11 novembre. Le matin, les 72 chefs d’Etat présents à Paris se réunissent au pied de l’Arc de Triomphe. Emmanuel Macron, Angela Merkel et Justin Trudeau s’y rendent ensemble, remontant à pied les derniers mètres des Champs-Elysées. Donald Trump arrive en voiture quelques minutes plus tard. Dans la tribune officielle, Trump et Macron ne sont pas assis côte à côte : le président se tient entre sa femme et son homologue allemand.
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Dans son discours, Emmanuel Macron dénonce le nationalisme revendiqué de Trump. « Le patriotisme est l’exact contraire du nationalisme », déclare-t-il, l’air grave. « Le nationalisme en est la trahison. » Donald Trump sera plus consensuel dans son propre discours, donné l’après-midi même au cimetière américain de Suresnes, à l’ouest de Paris. En moins de onze minutes, il salue la bravoure des soldats américains et français tombés pendant la Grande Guerre (« une guerre horrible, horrible », « une grande, grande victoire ») avant d’égrener le nom des dignitaires et des vétérans américains présents.
Le désengagement américain
Donald Trump s’envole aussitôt la cérémonie achevée : il n’assiste pas au Forum de Paris sur la Paix qu’Emmanuel Macron organise à la Grande halle de la Villette. L’objectif de ce colloque ? Réaffirmer l’importance du multilatéralisme et adresser le désengagement américain des organisations internationales.
De retour à Washington, Trump reprend son offensive anti-Macron. A nouveau, il reproche à la France sa faible contribution financière à l’OTAN et sa volonté de créer une armée européenne. Avant de se plaindre des tarifs douaniers imposés aux produits américains. « La France fait un vin excellent, mais les Etats-Unis aussi », déclare-t-il sur Twitter le 13 novembre. « Le problème, c’est que la France complique la tâche des Américains qui veulent vendre leur vin en France et impose de lourds tarifs. C’est pas juste, ça doit changer ! »
Le divorce franco-américain est prononcé. Donald Trump ne partage plus l’opinion d’Emmanuel Macron et n’hésite pas à le dire. « Il n’y a aucun pays plus nationaliste que la France : les Français sont très fiers et ont bien raison. MAKE FRANCE GREAT AGAIN! »