Le 11 novembre 1918 marque la fin de la Première Guerre mondiale et le début de la toute-puissance américaine, une ère qui se poursuit aujourd’hui.
En ce jour, des deux côtés de l’Atlantique, que commémore-t-on au juste ? La Grande Guerre, nul ne l’a vraiment gagnée. Les Français et leurs alliés, Britanniques, Américains, Belges, Serbes et autres furent décimés par millions. L’armée allemande, qui s’était battue essentiellement sur le territoire français, a regagné ses casernes en ordre, à peu près invaincue. Cette guerre avait commencé par hasard, un raté de la diplomatie, l’engrenage des alliances. Avec le recul, on ne comprend plus pourquoi elle eut lieu et quel en fut l’enjeu. A l’époque, on feignit de croire que c’était la dernière des guerres : de la propagande.
En fait, le 11 novembre 1918 ne fut pas seulement l’arrêt des combats mais le commencement d’une nouvelle époque, la nôtre. Les Européens ne se remirent jamais complètement de la saignée démographique et économique. Le déclin de l’Europe, relatif, commence en 1918. Ce sera le début de la décolonisation, la remise en cause de la démocratie libérale et de la philosophie des Lumières par les idéologies fascistes, nazies, bolcheviques. C’est à l’inverse l’aube du siècle américain.
Les Etats-Unis furent les grands vainqueurs de la Première Guerre mondiale : ils apparaissent soudain comme la meilleure armée au monde, l’arbitre de tous les conflits, la première puissance scientifique, industrielle et culturelle — ce qu’ils sont restés. Sur les décombres de la Grande Guerre, les Américains imaginent une organisation internationale, la Société des Nations, ancêtre des Nations Unies, et bâtissent un nouvel ordre mondial qui perdure. Le 11 novembre 1918 marque le passage historique du flambeau de l’Europe vers les Etats-Unis. Un siècle plus tard, ce flambeau reste planté en Amérique.