Stop the massacre!

Vue de France, la tuerie de Las Vegas est incompréhensible. Comment peut-on laisser un citoyen accumuler chez lui un tel arsenal ? Il est grand temps que le Congrès américain réagisse.

Il existe une relation directe entre le nombre d’armes en circulation dans un pays et le nombre de meurtres commis avec ces armes, délibérément ou par accident. Ceci est prouvé et documenté. L’argument du deuxième amendement de la Constitution n’est pas persuasif, puisque bien des Etats autorisent la possession d’armes mais réglementent étroitement les conditions d’acquisition, de détention et d’usage. Mais là encore, la législation diffère d’un Etat à l’autre : New York, le New Jersey ou le Minnesota exigent un permis pour acheter une arme à feu, mais pas le Nevada.

En France, seuls les militaires, fonctionnaires de police ou des douanes, agents de surveillance (convoyeurs de fonds, agents de la RATP ou de la SNCF) et certains particuliers « exposé[s] à des risques sérieux […] dans le cadre de [leur] activité professionnelle » (commerçants, magistrats) ont le droit de porter une arme à feu. La préfecture examine chaque demande et délivre, après une enquête approfondie, les permis de port d’arme. Les particuliers qui font l’acquisition d’une arme de chasse ou de tir sportif — semi-automatique ou à répétition manuelle, d’un calibre inférieur à vingt millimètres — font eux aussi l’objet d’une enquête. Ils doivent par ailleurs posséder un permis ou une licence en cours et déclarer leur arme aux autorités.

Le Congrès des Etats-Unis n’a aucune intention de réagir au massacre de Las Vegas, la fusillade la plus importante de l’histoire moderne américaine. Est-il paralysé par le lobby des armes à feu, la NRA ? Je crois qu’on attribue trop d’influence à ce lobby : les députés américains sont avant tout prisonniers de leur veulerie et de leur esprit partisan. Il suffit qu’un Démocrate avance une proposition pour que les Républicains la réfutent. Et inversement.

Confrontée à une tragédie de cette ampleur, la nation américaine est incapable de s’unir. En pareilles circonstances, les Français, quelles que soient leurs divisions, me semblent plus à même de parler d’une seule voix. Ajoutons que Trump, loin d’incarner cette union nécessaire, nie l’évidence et divise un peu plus. L’Amérique vit des heures difficiles par la faute de sa classe politique, cette classe qui conçoit son rôle comme une profession rémunératrice et sert peu l’intérêt national. Les Pères Fondateurs en seraient effarés.