Le dernier film d’André Téchiné – 73 ans et déjà vingt long métrages à son actif dont le film culte Les Roseaux sauvages (Wild Reeds) quatre fois césarisé en 1994 — est un bel objet poétique à découvrir en salles aux Etats-Unis.
Comme son titre emprunté au premier vers du célèbre poème d’Arthur Rimbaud (Roman, 1870) pouvait le laisser présager, il y a beaucoup de poésie dans ce vingt-et-unième opus de Téchiné. Avec pour toile de fond les Pyrénées enneigées, Téchiné – l’un des réalisateurs français les plus féconds de la génération post Nouvelle Vague – rejoue dans un autre registre son film le plus emblématique, Les Roseaux sauvages, qui valut à Elodie Bouchez le César du Meilleur espoir féminin.
Dans Being 17 (le titre américain du film), il est aussi question d’amours adolescentes, de sensualité et du rapport intime à la nature sauvage. Le scénario original, écrit à quatre mains avec Céline Sciamma (Naissance des pieuvres, Tomboy, Bande de filles), suit la trajectoire initiatique de deux lycéens : Damien (Kacey Mottet Klein) qui vit une adolescence paisible en ville avec sa mère médecin (Sandrine Kiberlain) et Thomas (Corentin Fila), un jeune métis adopté par un couple d’éleveurs qui vit isolé dans la montagne et combine études et travail à la ferme.
Une vive tension naît entre les deux garçons qui se cherchent puis s’affrontent violemment, avant de laisser place à un sentiment d’une toute autre nature. Entre deux scènes d’insultes et d’humiliations point un désir inavouable avec, au centre du traditionnel triangle amoureux, la figure maternelle et lumineuse de la mère de Damien. Un film à voir pour sa magnifique direction d’acteurs, la justesse des sentiments mêlés et cette scène surréaliste dans laquelle un adolescent nu plonge dans l’eau glacée d’un lac de montagne où se reflètent les troncs des cimes couvertes de neige.
La bande annonce :