L’armateur franco-américain Daniel Berrebi, installé à Miami, a obtenu la première licence pour transporter par ferries des passagers entre les Etats-Unis et Cuba. Les premières traversées sont prévues pour septembre.
Depuis douze ans, les bateaux de la société de Daniel Berrebi Baja Ferries, font des allers retours réguliers entre Miami et La Havane. A bord, de l’engrais, du riz ou du maïs. Dès la création de sa société de transport maritime au milieu des années 90, Daniel Berrebi était convaincu que la liaison par la mer entre les deux pays ennemis était un marché d’avenir. Les dix années de discussions entre Daniel Berrebi et l’administration américaine sur l’ouverture d’une liaison entre la Floride et la capitale cubaine, pour les ressortissants américains et cubains, ont fini par payer.
A la suite du rapprochement diplomatique engagé fin 2014 par Barack Obama, Baja Ferries a été la première société à obtenir la licence pour des traversées de bateaux de passagers entre les deux pays. “Certes, on y travaillait depuis dix ans, mais je ne pensais pas que ça arriverait si vite après l’annonce de la fin de l’embargo américain. J’ai été étonné qu’ils nous donnent l’autorisation avant même la nomination des ambassadeurs !”. L’armateur a prévu d’investir 100 millions de dollars pour ouvrir la liaison Miami-La Havane. Trois allers retours par semaine, effectués de nuit, sont prévus. Le trajet, d’une dizaine d’heures, coûtera aux 2 000 passagers entre $200 et $300 l’aller-retour, soit moitié moins que le prix d’un billet d’avion.
Les touristes américains devront attendre
La première croisière pour Cuba devrait avoir lieu en septembre, lors de la venue du pape François sur l’île. “Les dernières barrières sont surtout côté cubain. Il faut trouver un terminal pour accueillir les passagers, mettre en place un système de sécurité, de douane. Nous allons aussi devoir négocier les frais de port avec les autorités cubaines”, explique Daniel Berrebi.
Lors de l’ouverture de la liaison en septembre, le voyage à Cuba ne sera pas ouvert aux touristes américains. Depuis le 16 janvier, l’accès à Cuba a néanmoins été facilité pour les ressortissants américains. Il n’est désormais plus obligatoire d’obtenir une autorisation de l’US office of Foreign Assets Control, le département d’Etat en charge de faire respecter les embargos américains. Pour pouvoir se rendre à Cuba, il sera toujours nécessaire de justifier son voyage par une des douze conditions imposées par les Etats-Unis, parmi lesquelles : un déplacement d’affaires, humanitaire, ou pour des études, un regroupement familial ou encore une performance sportive ou culturelle. “Les Américains qui rentrent dans ces cases sont déjà très nombreux, nous n’avons pas besoin tout de suite du marché du tourisme. En 2014, 900 000 passagers ont pris la ligne aérienne Miami-La Havane. Et les Cubains que nous avons rencontrés en Floride ou à Cuba nous ont expliqué qu’ils voyageraient plus souvent si les tarifs n’étaient pas si dissuasifs. Nous allons remplir tous nos ferries, j’en suis certain”.