Who Actually Wants the Olympics?

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C’est décidé : Paris accueillera les Jeux Olympiques en 2024. Cette aventure plus politique que sportive est-elle nécessaire ? Que va coûter aux contribuables ce divertissement de masse ?

Paris devance Los Angeles et remporte les Jeux de 2024. Mais a-t-on vu les Parisiens fiers et joyeux défiler dans les rues ? Pas vraiment. Seules les personnalités officielles directement impliquées — le président Macron, le maire de Paris, les dirigeants de clubs — ont estimé que la France avait gagné. Gagné quoi, on ne sait pas trop. Les Français se demandent avant tout combien ces Jeux vont leur coûter. Avec quelque bonne raison. Partout où les Jeux ont eu lieu depuis trente ans, il en est resté un cortège de ruines et de dettes. La Grèce reste la tragédie la plus exemplaire. Le pays s’est endetté pour accueillir les Jeux et aujourd’hui, les bâtiments olympiques s’effondrent. C’est ainsi que la crise grecque a commencé.

Le premier objectif des Jeux est de glorifier la nation d’accueil, de s’inscrire dans une stratégie politique. Tokyo accueillit les Jeux en 1964 pour signifier au monde, vingt ans après la guerre, que le Japon était devenu un pays pacifique renouant avec sa vieille civilisation. La Corée du Sud accueillit les Jeux en 1988 pour se situer comme grande nation sur la carte du monde. Moscou, en 1980, signalait qu’elle était la capitale d’un empire universel et Pékin, en 2008, que désormais il fallait compter avec la Chine. Londres, en 2012, nous rappelait que l’Empire britannique comptait encore et Rio, en 2016, que le Brésil n’était plus un pays du Tiers-Monde.

Quelles sont les motivations de Paris ? Elles relèvent pour beaucoup d’une certaine gloriole nationale. Les promoteurs rappellent qu’un Français, Pierre de Coubertin, réinventa les Jeux Olympiques et surtout, que la France compte toujours comme grande puissance économique, culturelle et sportive. On a beau nous raconter que ce sera aussi une bonne affaire commerciale pour les Français, qui en sera persuadé ? L’addition sera forcément lourde pour le contribuable.

Les seuls et rares cas où les Jeux n’ont rien coûté au contribuable sont ceux dont la gestion a été privée. Ce qui ne s’est produit qu’aux Etats-Unis : à Atlanta en 1996, à Salt Lake City en 2002 et certainement à Los Angeles en 2028. Les organisateurs américains poussent à son terme la logique des Jeux Olympiques contemporains : puisque la compétition est devenue un divertissement de masse dont tout amateurisme a disparu, autant en confier la gestion aux professionnels du divertissement et de la télévision. Les J.O. de Los Angeles seront un business géré comme un business — ce qui éclaire l’indifférence absolue des habitants de Los Angeles au choix de leur ville comme lieu d’accueil.

En 2024, je n’en doute pas, les Parisiens beaux joueurs feront des J.O. une fête. Après la fête, ils se demanderont comment payer tout cela. C’est ainsi que Louis XIV fit édifier Versailles, sans budget et sans compter. Puis il fallut faire fondre le mobilier en argent massif pour régler les fournisseurs. Il est étonnant combien l’histoire longue des peuples, parce qu’elle se répète, est riche d’enseignements.