Décès de Louis Jourdan, dernier « french lover » du cinéma américain

L’acteur français Louis Jourdan, célèbre pour son rôle dans « Gigi » et « Octopussy », décédé samedi à l’âge de 93 ans à Los Angeles, incarnait la figure du dernier « french lover » du cinéma américain.

Il s’est éteint samedi de mort naturelle dans sa maison de Beverly Hills, a affirmé son biographe officiel, Olivier Minne, également animateur à France Télévisions, joint par téléphone. L’acteur « était le dernier ‘french lover’ d’Hollywood comme l’ont été Maurice Chevalier et Jean-Pierre Aumont », selon ce spécialiste, qui travaille avec la famille de l’acteur à une biographie et un documentaire. « Il incarnait l’élégance française et Hollywood lui a proposé des rôles sur ce registre », a-t-il ajouté. Pour son biographe, Louis Jourdan était « un homme orchestre, acteur mais aussi animateur de télévision avec de grands shows avec Judy Garland et Franck Sinatra et Jerry Lewis ».

Mannequin pour Pierre Cardin

« Il a joué aussi au théâtre et a été mannequin notamment pour Pierre Cardin », a-t-il poursuivi. L’acteur, qui affirmait ne jamais regarder ses films, avait estimé que Hollywood lui avait « créé une image. J’étais le cliché français ». Né Louis Robert Gendre à Marseille, l’acteur était un habitué des rôles de « beau gosse » dans les films d’Hollywood, mais il avait aussi joué le méchant dans « Octopussy » en 1983, de la série des James Bond. Il avait fait ses débuts à l’écran en France en 1939, enchaînant les comédies romantiques avant que ne survienne la Seconde guerre mondiale. Il arrête alors sa carrière et rejoint la Résistance.

Appelé par le producteur David O. Selnick à Hollywood, il entre au casting d’un film d’Alfred Hitchcock, Le procès Paradine (The Paradine Case) en 1947 puis de Lettre d’une Inconnue de Max Ophüls et décide de rester aux Etats-Unis. Sa carrière américaine est lancée. Il y joue dans nombre de long-métrages dont le plus célèbre, Gigi de Vicente Minnelli en 1958, aux côtés de Leslie Caron et Maurice Chevalier. Il avait déjà joué en 1949 dans Madame Bovary pour le metteur en scène. Gigi avait gagné neuf Oscars et s’il n’avait pas été honoré d’une statuette, Louis Jourdan avait été nommé pour le Golden Globe de meilleur acteur de comédie.

Le Français sait tout faire, jouer, chanter, et partage ainsi l’affiche, deux ans après, de Can-can avec Frank Sinatra, Shirley McLaine et à nouveau Maurice Chevalier. Il fait même une incursion sur la scène à Broadway où il joue dans The immoralist, tiré de L’immoraliste d’André Gide, avec James Dean dans les années 1950 avant d’y revenir en 1978 pour une pièce de George Feydeau 13, rue de l’Amour.

L’acteur n’en avait pas oublié pour autant le cinéma français et devait travailler avec Jacques Becker pour Rue de l’Estrapade, Pierre Gaspard-Huit dans La mariée est trop belle, Claude Autant-Lara dans le Comte de Monte-Christo ou encore Edouard Molinaro dans Peau d’espion. Il avait fait également un peu de télévision, en incarnant un policier pour une série américaine Paris Precinct, tournée à Paris. Sa dernière apparition à l’écran remonte à 1992, dans Year of the comet de Peter Yates.

Louis Jourdan avait été décoré de la Légion d’Honneur en 2010 à Los Angeles où il s’était retiré, en présence de ses amis Sidney Poitier et Kirk Douglas. Il avait deux étoiles sur le Hollywood « Walk of Fame », la fameuse promenade des acteurs célèbres. Sa vie privée avait été marquée par le drame de la mort de son fils unique, Louis Henry, d’une surdose en 1981. Son épouse Berthe Frédérique dite « Quique », un amour de jeunesse à qui il avait été uni pendant plus de 60 ans, était décédée l’an dernier.

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