Les présidents français et américains ont tous les deux le droit de nommer les personnes de leur choix à des milliers d’emplois publics, à leur discrétion, à commencer par les ministres. En France, cependant, les antécédents des candidats ne sont pas vérifiés, ou « vetted ».
En France, au contraire des Etats-Unis, ces nominations par le président ne sont assorties d’aucun contrôle. Aux Etats-Unis, elles sont généralement précédées par une exploration du passé du candidat par le FBI. Bien des candidats sont alors contraints de retirer leur candidature parce qu’il s’avère, par exemple, qu’ils ont payé une baby-sitter au noir ou que, proposés pour une ambassade, ils s’avèrent devant le Sénat incapables de nommer leur capitale de destination. Bien entendu, le système est imparfait, comme le révèle en ce moment l’affaire Michael Flynn, ex-conseiller à la sécurité de Donald Trump, qui aurait dissimulé ses relations avec la Russie et la Turquie.
La France découvre à son tour le vetting, mais a posteriori. Des ministres en place se résignent à démissionner parce qu’il apparaît soudain, par voie de presse ou par dénonciation, une utilisation douteuse des fonds publics. Cette moralisation de la vie publique est un progrès, mais il vaudrait mieux qu’à la manière américaine, les nominations soient précédées d’une audition sénatoriale. Ce fut naguère le projet de Jacques Chirac puis de François Hollande, non suivi d’effets. Mais la démission le 21 juin dernier du ministre de la Justice, François Bayrou, chargé paradoxalement de présenter une loi sur la moralisation de la vie publique, invite à une refonte du système. Ainsi on s’inquiétera que le président ait désigné ce même 21 juin, en toute urgence, quelques nouveaux ministres, dont on espère que le passé est sans tache : mais à l’heure de leur nomination, on n’en sait rien, faute de vetting.