La tribune hostile aux mouvements #MeToo et #BalanceTonPorc, cosignée par Catherine Deneuve, a transformé le débat sur le harcèlement sexuel en une querelle franco-américaine.
De la posture de l’actrice et d’une centaine de personnalités françaises issues du monde universitaire, de l’édition et des médias, il ressort que les Américains voudraient imposer aux Français une « dictature puritaine » infantilisant les femmes et leur niant tout pouvoir de séduction. Les Françaises, en revanche, seraient attachées à l’amour courtois, à nos belles traditions romantiques.
On ressort, en cette occasion, un étrange texte de Simone de Beauvoir où elle constate, lors d’un séjour à Chicago en 1947, que les relations américaines entre les sexes sont toujours empreintes d’hostilité, contrairement à la France où régneraient des rapports de séduction. « Une autre de mes surprises, ce fut la femme américaine », écrit-elle dans La Force des choses (1963). « S’il est vrai que son esprit revendicatif s’est exaspéré jusqu’à faire d’elle une ‘mante religieuse’, elle n’en demeure pas moins un être dépendant et relatif : l’Amérique est un monde masculin. »
Où la papesse du féminisme est-elle allée chercher tout ça, on se le demande. Simone de Beauvoir qui, aujourd’hui, aurait de sérieux ennuis avec la justice, car elle « séduisait » ses élèves mineures, autant les garçons que les filles.
Ce déballage de confessions est, en fait, absurde, parce qu’on n’entend que des stars, des intellectuelles et des dirigeantes d’entreprises, des femmes d’un certain âge, établies dans leur carrière et habituées à apparaître régulièrement dans les médias. Ces femmes dont Catherine Deneuve semble se faire la déléguée ne peuvent s’exprimer pour l’ensemble de la gente féminine et encore moins pour toutes les victimes de harcèlement sexuel. Quand donnera-t-on enfin la parole, dans nos deux pays, aux ouvrières, aux caissières de supermarché et aux femmes de ménage, aux femmes les plus exposées au harcèlement et au chantage des petits chefs ?