Le gouvernement français et ses diplomates aux Etats Unis sont de plus en plus perplexes. Que veut Trump ? Que pense-t-il vraiment de l’Europe et de l’Otan ? Convient-il de se référer à ses propos de campagne, violemment anti européens et anti Otan ? A ses tweets tout aussi agressifs ? Ou a ses déclarations d’amour pour l’Otan lors de sa réception d’Angela Merkel à Washington ?
A peine avait-il déclaré son attachement a l’Otan qu’il exigeait des Européens qu’ils payent leurs arriérés aux Etats-Unis. Or l’Otan n’émet pas de factures. Les alliés mettent leurs troupes à disposition, y compris pour assurer la sécurité des Américains — comme ce fut le cas en Afghanistan. On ne comprend donc pas les arguments que Trump avance. Une explication possible : Trump tient deux discours parallèles, le premier ultra nationaliste a l’intention de ses électeurs et l’autre pour la consommation internationale. Une hypothèse rationnelle, mais guère rassurante.
Si Trump est irrationnel, c’est plus inquiétant encore. L’engagement des Américains dans la protection de l’Europe et de la sécurité internationale est arrivé, presque par hasard, en 1945 lorsque les Etats-Unis se sont retrouvés seule vraie puissance mondiale. Mais avant la Seconde Guerre mondiale, quand nul ne menaçait sérieusement les Etats Unis — ce qui est de nouveau le cas depuis la disparition de l’URSS —, la tendance spontanée des Américains était plutôt à l’isolationnisme.
Assiste-t-on à une reprise du sentiment isolationniste aux Etats-Unis ? N’a-t-il pas commencé lorsqu’Obama refusa d’engager des troupes sur le terrain, pas plus en Ukraine qu’en Syrie ? Trump abonde dans le même sens. Cette histoire longue doit inciter les Français et les Européens à imaginer au plus vite une défense coordonnée, sans les Etats-Unis.