En France, Emmanuel Macron, malgré ses efforts pour brouiller les pistes, est perçu comme un politicien de droite. A lire la presse américaine, en revanche, il serait plutôt de gauche, de cette gauche libérale telle qu’on la définit aux Etats-Unis, qui recoupe à peu près le Parti démocrate.
Telle est l’orientation qui ressort particulièrement du portrait que lui a récemment consacré le magazine Time et l’impression générale qui se dégage des comptes rendus et analyses publiés par le New York Times et le Washington Post. Les journalistes et éditorialistes de ces journaux ne retiennent en fait qu’un seul critère qu’ils considèrent discriminant : l’attitude sur le changement climatique. Macron est contre le dioxyde de carbone pour « sauver le climat » — quelle étrange expression !—, alors que Trump et les Républicains ne croient pas au changement climatique et sont favorables au fuel et au charbon.
Le débat est autant électoral et national que scientifique : la France n’a ni charbon ni pétrole, tandis que les Etats-Unis en regorgent. La fierté nationale s’en mêle, puisque Paris est devenue la capitale de la résistance aux énergies fossiles, tandis que Washington en est le héraut. Les Etats-Unis sont désormais le seul pays qui ne respecte pas les Accords de Paris sur les changements climatiques.
Macron surtout, vu des Etats-Unis, est l’anti-Trump. Ce qui n’est pas tout à fait exact si on regarde de près la politique économique et fiscale des deux présidents : les deux jurent par les start-up et croient en l’efficacité économique de la baisse des impôts sur les riches, supply-side economics en anglais, économie de l’offre en français. Mais vu d’Amérique, on ne va pas s’intéresser aux détails de la politique intérieure française. La popularité médiatique de Macron dans la gauche américaine tient aussi à sa position de mari attentif d’une épouse plus âgée que lui. Il est là aussi un anti-Trump absolu.
Soulignons tout de même une erreur factuelle majeure commise par l’auteur du portrait publié dans Time : Macron n’est pas philosophe et sa carrière n’est pas celle d’un banquier d’affaires. Il fut haut fonctionnaire au ministère des Finances et brièvement employé de banque. Mais sans doute les Américains aiment-ils voir dans les Français des philosophes, tandis qu’ils ne situent pas l’ENA.